transcendance*
Et nous la prenons bien ou la prenons mal. Nous avions tellement à apprendre. Ou nous souvenir. Même si nous étions traversés par quelques réminiscences, cela ne pouvait suffire pour que nous puissions nous reconstruire, et ne plus être effrayés, écrasés par cette totalité. Machine implacable des univers infinis dans leurs diversités. Trous abyssaux où nous pouvions succomber et ne plus être.
Cela semble n’être qu’une anecdote, si nous disparaissions à nos yeux. Événement sans aucune importance vis à vis des univers indifférents, carrément vides de toute présence. Question que tout le monde se pose, ne voyant rien mais espérant quelque chose.
Sans mémoire il n’y a nul présent. Ce qui réveille cette mémoire endormie ? Cela fait du bien et du mal, chacun dans leurs profondeurs respectives, dans les degrés divers des échelles.
Non, bien sûr nous ne savons pas où nous irons, avant de nous rendre. Cela n’est pas le problème. Le problème réel est celui de pouvoir encore se mouvoir, découvrir, voyager dans ces temps. Ne pas être prisonnier d’une absence qui nous anéantit sans fin, sans repos.
Il est évident que tout être vivant ici peut être source de consolation. C’est en vertu de cela que les hommes se regroupent et essaient de se soutenir. Avec cette question qui me revient : Faut-il lutter contre le mal ? Ou de façon plus subtile faut-il lutter pour qu’apparaisse cette transcendance et sur quelle base ? Sur quelles épaules va-t’elle pouvoir tenir ? Ironie des inversions. Parce que si nous réfléchissons, la lumière réfléchit. Si nous sommes présents, c’est parce que nous avions l’éternité. Si vous voulez que Dieu apparaisse à la place de rien, que dieu vous soutienne au lieu de tomber sans soutien, il y a des règles pour cela. Des lois plus légères qu’on pense. Ce qui ne nous dispense pas d’en souffrir et de guérir.
Mais en nous s’accomplissent des métamorphoses qui transforment le monde.
Je n’ai nul besoin de vous dire par qui, comment, où cela s’est fait, parce que cette Opération a eu lieu partout, plus ou moins à notre insu. D’ailleurs, si nous sommes logiques, nous voyons bien qu’il y a une mondialisation, et qu’elle n’est pas exclusivement marchande et atroce, ni uniquement focalisée par un seul modèle unique d’informations. Non, il y a d’autres vagues. Elles relèvent des dimensions oubliées qui nous reviennent.
À ce sujet, je repense au serpent. À la tentation.
Je comprends que les gens ne comprennent pas. Le monde se pense établi dans cette demeure, et croit ou espère trouver une autre demeure une fois délivré de leur corps, d’autres envisagent désespérément de prolonger celui-ci indéfiniment, et plus raisonnables sont ceux qui acceptent leur sort sans renoncer au bonheur, sans se mentir sur le malheur. Dans ce sens, ils sont plus libres.
Ils savent que l’Océan est invincible, mais qu’il y a des sauveteurs quelque part. Et que ce peut-être eux.
Entre parenthèses : tout le bruit autour des faits divers, toutes ces opinions mélangées, ces confusions des langues, des musiques et des histoires, tout cela ne nous aide pas à y voir clair. Comme si nous n’arrivions pas à sortir de ces envoûtements millénaires.