À propos d’écriture.

Écrire ne s’imposait pas pour moi comme aussi nécessaire que de peindre ou de sculpter, dessiner dans le bois ou la pierre, les sentiments et les émotions, les désirs ou les amours. Écrire n’était que pour me comprendre moi-même à travers des pensées, ou des formes pensées. Comme de conserver témoignage de ces vécus empreints de mystère, blancs ou noirs, des souffrances ou des joies, visibles dans le monde, et dresser une sorte d’état du monde et de moi. À la longue, je me rends compte que le destin individuel est intimement lié à celui du monde, sans savoir lequel pèse le plus sur l’autre.

Le tout étant de ne pas se perdre, comme on dit de ne pas perdre son âme. Là, la partie n’est jamais gagnée d’avance, on n’est jamais sûr d’arriver là où on voudrait.

Mais il y a des garde-fous. Et des gardes fous. Comment comprendre sa propre folie, et est-ce que cette compréhension peut nous sauver des désastres en cours ? Non, nous ne sommes pas seuls et sans recours pour notre salut. La terre n’a pas vocation à tomber en cendres. On sait à quel point il y a des choses affreuses qui s’y sont passées, se passent encore, et d’autres se préparent, d’où l’importance de les annoncer, pour les éviter et ne pas succomber. Dans la mesure du possible.

Sentiment d’urgence donc. Je ne pouvais être le seul dans cette conscience là. Mais nous étions bien peu, et encore moins pour en percevoir les causes, de façon nette et effrayante par conséquent. Comme si nous étions pris dans un labyrinthe de douleurs.

Remonter vers les lieux de son passé, où se déroulèrent actes et choix, peut jeter après coup une certaine lumière, lieux et temps se croisant. D’où ce fait étonnant des voyages. Les fils des temps se rencontrent.

La question qui surgit relève de ce futur à voir. Et partant de ce futur, le construire, s’y reconstruire. Voyez la pensée paradoxale.

Enfin, les mots peuvent dans une certaine mesure soutenir la pensée ou l’esprit, la plume faisant son office, mais cela ne suffit pas. Il faut aussi se mettre à table.

Là nous ferions comme Moise brisant les tables de la loi, puisqu’elles sont fausses. Ou comme Jésus chassant les marchands du temple. Et puis quoi encore ? Vider les vieux mauvais vins pour y mettre du vin nouveau dans des coupes neuves et saines.

Pourquoi le Christ, par conséquent ?

Il ne vient pas pour que nous l’adorions ou pour répéter ses paroles sans savoir. Mais pour que nous rendions effective sa parole et son amour, pour que cela rentre dans nos caboches dures, dans nos corps fermés, malgré les souffrances que cela engendre du fait d’être devenu réceptif à cette autre dimension de l’univers, pour que nous soyons ouverts. Il s’agit d’esprit, d’âme.
Comment pourrions-nous entendre un peu ce que ça signifie, si nous n’avions aucun contact avec la réalité que représente le Christ ? Amour, Message, Présence parmi nous, Feu qui parcourt nos veines, Eau qui nous apaise, Conscience lumineuse du Mystère, sans erreur possible, humour et tendresse, capacité à encaisser nos maux, refus et silence, vision secrète des temps et des espaces. En deux mots, Dieu dans l’Homme.
Bien sûr que cela nous secoue dès lors que nous faisons connaissance. Nous ne pouvons passer de la conscience endormie à la conscience éveillée sans effroi, sans nous sentir dérouté, devant sortir de nos habitudes, et participant en nous-mêmes de cette dimension christique. Par degré ou par palier.
Nous retrouvons en nous cette dimension divine à laquelle nous appartenions. Il n’y a pas d’autre voie possible. Parce que toutes celles que nous empruntions avant, qui étaient celle de choix plus ou moins erronés, ne pouvaient manquer de nous égarer, et de nous miner. Voilà l’idée simple de la reconnaissance.
Nous « reconnaissons » le Chemin, le chemin s’ouvre, pas à pas dans le monde.
Voyez dans quel état est la Terre. Bref, le Christ sauve la terre. ( ça demanderait des explications : comment, où, par qui. )

 

« A la base de toutes les modifications sociales, il a toujours fallu quelque aspiration religieuse vers l’absurde. »

 

 

Absurde ?