Croi croi

Un scientifique affirme ne rien croire. Disant cela il se drape dans une certitude. Celle que ses mots sont justes. Il croit au moins dans ses mots et ce qu’ils veulent dire, sinon il se tairait en proie à un doute absolu, du fait de l’ignorance, celle qui fonde la science et la recherche, la sienne y comprise.
Alors a fortiori, les hommes dans leur ensemble, sachant qu’ils en savent encore moins que les savants, sont bien obligés de croire, avec ce que cette façon de procéder implique, pour ne serait-ce que pouvoir vivre et supporter l’existence.
Il demeure des points incontournables au sein des psychés ayant des effets puissants. La peur, l’angoisse, la souffrance, la maladie et la mort, le sang et les ossements. La faim et le désir, la soif et le plaisir, la jouissance, le sentiment de beau ou de larmes qui nous traversent, sans qu’on sache pourquoi. Forcés donc de croire à tout cela, induisant une dimension de Mystère, exprimé sous d’infinies formes, par d’infinis moyens, et en nombre aussi nombreux que d’humains.
Le Matériau en nos esprits ne manque pas. Nous savons que cela n’est pas rien même si nous ne savons pas résoudre les équations d’Einstein, ou n’avons pas d’explications relatives à notre existence en ce lieu terrestre isolé dans ces univers.
Croire, c’est un mode de la pensée pure, en nous, qui essaie simplement de reconstituer son parcours, ou sa vie.
Dans cette logique, il semble normal que face à l’approche savante, il se trouve l’art – en général. Cela fait partie de l’humanité en quête d’elle-même, par les questions que l’art soulève, ou l’exposition de son intériorité sur les murs, où des hommes savaient ce qu’ils voyaient.
Le Sujet est inépuisable. Si elle ne veut pas tomber dans l’insignifiance et ou le néant, et nous y entraîner, la Science est bien obligée de croire à l’objectivité du sujet, tout comme à l’existence de l’âme diffuse hors de nous. Ce qui n’est pas tout à fait rien.

Voir l’œil. Voir l’anneau ou la boucle. Le dire ou l’écrire ne dit rien. L’expliquer le noue de façon insignifiante. Il y a une verticalité abyssale. Et si elle nous prend, nous ne pouvons la saisir. C’est comme une colonne. Si nous essayons de la penser elle nous échappe. Nous ne pouvons à la rigueur que de se laisser penser. Un peu zen, tout ça, me semble-t-il.

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