La raison de toutes ces créations, ou une des raisons, c’est la folie du réel sans image possible, ce qui nous laisse désemparés. D’où la profusion des œuvres. Dans les temps, il y a un infini, et une absence. Une image, un totem, un poème, sont des objets interdits. Signifiant qu’ils nous arrêtent. Irrationnellement, sans nécessité pratique. Hors des contingences, et des habitudes.
Une image ou un dessin ne sont pas des objets normaux. Les sonorités créées dans le poème ou le chant non plus. Est-ce pour cela que certains d’entre nous allaient dans le fond des grottes pour cacher leurs motifs ? Pour ne pas se montrer. Ou ne pas montrer le fond monstrueux, anormal d’une pensée, d’un amour ou d’un désir, humainement transgressif.
Concevoir que l’humain à ce moment là, n’est plus animal. Ayant franchi une limite, il y a un feu. Dans cette dimension supérieure aux temps. Comme un poisson hors de l’eau. Où il est habituel d’y voir de la mort.
La vie normale devrait pouvoir se satisfaire de vivre ses jours doux, d’amour, de tendresse, d’actions simples et quotidiennes, de plaisirs et d’efforts, par les corps animés répondant ainsi aux besoins de l’existence. Mais on sait que cela ne suffit pas. Les violents n’autorisent pas à vivre dans la quiétude. Les mondes sont enchaînés par ces dictateurs. Atrocité du mal, et sa laideur. À laquelle les cœurs doivent trouver des réponses, pour ne pas sombrer. Et donner et trouver comme des preuves de vie.
Le chanteur qui draine des foules en extase, par exemple. Et bien d’autres monuments sur la terre entière. La terre comme une œuvre d’art, une coupe ayant reçu ses dons des étoiles.
Une fois qu’on a dit ça, on n’est tout de même pas certain que cette « malédiction » cesse, si nous n’y mettons pas du nôtre. Nous ne pouvons rien exiger des autres si ce n’est pas accompli en nous.
Je songe à Van Gogh, Artaud, Bartok, Cellini, et tous ceux un peu fous sur les bords, que les pouvoirs tendent à vouloir normaliser.