Lisant un philosophe des sciences qui faisait partie du gratin le plus haut du 20 ème siècle, qui avait pour interlocuteur des gens comme Einstein, Bohr, Schrödinger, Hayek, Gödel et j’en passe, je me disais qu’il devait savoir et donc détenir des bribes de vérité. Fondées sur ces équations profondément complexes, et sur des preuves.
Or il n’en est rien. La vérité reste absente. Il n’y a comme résultat que des conjectures, ou des hypothèses douteuses. Celles-ci étant chacune formulées à leur sauce strictement personnelle.
Mais ça cloche. L’analyse des termes et des énoncés reste dans le brouillard du non sens, malgré les contorsions langagières.
On en est tous au même point d’ignorance. Même les plus savants.
Je passe sur les discussions triviales donnant lieu à des disputes acharnées où le bon sens ne s’y retrouve plus. Où les termes pourraient être remplacés par d’autres, avec les effets évidemment modifiés dans nos entendements respectifs.
Ainsi ce philosophe en question emploie le mot Théorie comme outil universel d’adaptation de tout organisme vivant. Sans préciser la nature du vivant. Et la frontière qui le sépare de l’inerte.
Récusant le subjectif pour affirmer l’exclusivité de l’objet jusque dans le sujet, il est bien obligé d’escamoter le spirituel, remplacé par une série ou un ensemble logique mathématique structurant la totalité des organismes. Jusqu’où ? Cela il ne le dit pas.
Mais il se situe dans la veine d’un Russell qui pose les problèmes avec le même a priori que lui. Grosso modo, la totalité, de même qu’une partie, un organisme, est une Machine dotée de Théorie. Et le savant théoricien doit pouvoir avoir accès à ses clefs de fonctionnement. Le théoricien précurseur de la Machine n’ayant pas priorité, sur celui (humain ou autre ) qui détient les mêmes théories. Bref, l’univers lui ayant révélé tous ses secrets, il est son égal, à une échelle moindre, un microcosme aussi puissant.
En quelque sorte, l’idée de ce savant tient à des principes simples et du non dit. Sachant le fonctionnement de la partie, il possède la partie, et comme le tout est un ensemble de parties, il possède le tout.
L’utopie ici est grossière. Mais on la retrouve exprimée par l’IA. C’est à dire une Machine qui découvre ( possède) elle même, et sous l’impulsion de ceux qui l’informent, ses clefs de fonctionnement. Mécanique cosmologique ou totalité objet, sans nécessité d’existence de sujets pensants et mortels, en quête d’eux-mêmes.
En somme nous aurions bien pu ne jamais voir le jour, cela serait strictement la même chose. Au fond, nous ne serions que des Riens.
Eh bien non.
Ce n’est pas très « angélique » tout ça. Cela soulève des questions conséquentes, comme celles du langage, et de la psyché, du spirituel, de la liberté aussi. mais ça irait un peu trop loin d’en parler ici.