Cette montagne

Nous rendons-nous compte de notre position si petite dans l’espace et aussi bien dans les temps, notre durée sur terre passant vite, de même les millénaires qui sont si peu face aux passés et futurs. Tous ces remuements semblent bien peu de choses, apparemment.
Se mesurer à l’univers ne donne rien, si nous ne trouvons pas notre place, ce que nous sommes en vérité dans tous ces tourbillons. C’est pourquoi les hommes ont l’imagination débordante. Et tant qu’à faire, imaginer juste et non des choses chimériques, des feux de paille. Dans ce sens imaginé, le moi dont chacun est en principe pourvu, reste énigmatique et ne cesse de progresser vers quelque moi supérieur plus profond se raccordant à l’autre moi, dans cette humanité censée être une, et ne pouvant à la réflexion n’être que cela pour pouvoir embrasser plus largement. Ce qui fait que quelque part nous ne mourons pas. Pour le moins, la mort n’a plus le même sens, la même définition.
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Le but du jeu, le jeu même, est de retrouver le lieu où nous sommes, en passant par ces labyrinthes des expériences, des épreuves, par ces dédales de la pensée et de tout ce qui se présente, sachant qu’il n’en manque pas, du fil à retordre dans ce champ existentiel, que d’aucuns prennent comme illusion négative face aux cieux et à ses habitants.
Ces habitants sont Nous. Que cette lumière soit perçue intuitivement, subjective et intime.
Me direz-vous, à quoi cela sert pour notre vie terrestre ? Qu’est-ce que le fait de savoir ce qui est une forme d’éternité, la nôtre, et celle des autres, peut faire pour cette vie relative et éphémère, qu’on croit mortelle ?
Plus important qu’on croit. Ce regard porté, cette vision reçue détermine notre appréhension du vivant dans ses beaux vêtements. Même si tout ce qui apparaît est illusion, voile où se cache la Vie vraie, cette illusion, ce film est parlant, par ses couleurs, ses sons, ses formes, ses êtres multiples, ses montagnes. Parlant aussi par ses évènements, comme des soubresauts de poisson qui remue dans la barque, ses combats de Titan. Ce monde-ci n’est pas de tout repos.
Le repos éternel, vous n’en voudriez pas. Et pour cause, qu’y ferions-nous ? Comme si nous pouvions aspirer à ne rien voir, ou ne rien faire, n’éprouver nulle joie ou nulle peine, du côté de l’Olympe.
Ce royaume habité – par qui mon dieu ? – invisible aujourd’hui à nos yeux, inexistant, rêve de poètes ou de fous, peut-être pensée logique et raisonnée malgré cette impossible saisie, comme la permanence après l’orage, le ciel bleu revenu. Tout ceci en nous-mêmes.
Je reviens à la montagne. Face à elle, dès que vous la voyez, vous vous prosternez à ses pieds.
Cela nous fait grandir.

Terre noire

Mon Dieu, quel bazar dans nos têtes et dans nos cœurs. Est-ce que ce sont nos corps qui sont rendus à ce point malades ? à tel point qu’il nous faut des prothèses pour penser, de même pour marcher et nous mouvoir. Les stratifications des écrits antiques, des sagesses, des mystères révélés depuis les origines ne font plus recette. Comme si c’étaient des stupidités. Comme si les anciens n’avaient pas vu et que leurs témoignages ne valaient pas un clou. Ou comme si les messagers divers ayant traversé les siècles étaient des pures lubies. Et comme si les modernes, les nouveaux ne s’appuyaient pas sur les anciens pour étayer leurs propos et faisaient table rase des messages des anciens, pour affirmer leur pensées arbitraires.
Si bien qu’on n’y comprend plus grand chose dans le désordre du monde, et qu’on se fie à n’importe quel amuseur public pour nous dire quelques vérités bien senties. Ou encore qu’il faudrait faire référence à l’intelligence artificielle pour obtenir des réponses fiables et des certitudes qui nous rassurent.
La question n’est pas dans les écrits, mais dans leur accomplissement, des fruits qu’ils nous donnent et ce que nous allons faire de nous.
Naufrage de la pensée sectaire. Pire, ces sectes qui ne tiennent que si les autres ont tort, qu’il faut écraser pour imposer ses images, ses icônes, ou ses idoles. Pensez donc, si l’autre avait des raisons, cela effondre les nôtres, et nous ne nous en relèverions pas.
C’est pour cela que les luttes existent, pour mettre nos prétendues vérités à l’épreuve du réel.

Je pense à ces faits de hasard, ces choses quasiment improbables qui arrivent et qui nous stupéfient. Certains y voient le doigt de dieu, comme une providence. On peut aussi penser ces choses là comme étant incluses dans les profondeurs insoupçonnées de notre psyché, étant dotée de capacité qui nous dépassent de façon consciente immédiate. Nous nous croyons là, mais nous sommes aussi au-delà. De temps en temps, l’au-delà nous parle, nous appelle et nous rappelle à son bon souvenir, sans doute pour que nous nous y rendions, pour que nous fassions tout pour nous y rendre au lieu de nous égarer dans ce monde obscur, cette terre noire.

Ceci dit, je ne confonds pas mon lumignon fumeux avec le soleil radieux.

Dieu, à la fin et son mot de passe ?

Dieu c’est l’Inconnu obligé sans lequel rien ne va, Dieu qui s’oppose à tous vos dieux qui se trompent, vous égarent, vous font commettre des crimes, perdre toute sagesse et tout rêve.
Le Père n’est plus entendu, plus écouté du tout. La Mère même n’est pas reconnue. Le monde ne peut tenir sans cette parole du Père. Et cet amour de la Mère.
Je m’entends, cette Parole entendue et acceptée, passe depuis des siècles par Nous, coule de source et produit son fruit. Notre humanité libérée des anciens jougs. Et de tout ce qui nous blesse.

La Vérité n’est pas dans les astres, ni dans ce quanta. Elle est ou n’est pas en nous. Elle est en Moi et en Toi parce qu’acceptée, reçue, entendue et rendue. À ce moment là Moi et Toi se confondent. Ils se reconnaissent.
On peut toujours ergoter sur la relativité de nos petites existences, se frapper la tête sur le sol, se couvrir de cendres ou d’or, ce qui se produit en notre intérieur n’est pas sans effet sur ce qui se produit à l’extérieur. Comme l’inverse, difficile à encaisser dans ses horreurs.
Il est toujours possible que ces mots soient maladroits, oubliant en cours de route beaucoup d’éléments. Parlent-ils plus avec la tête que le cœur ? Avec le cœur il est moins nécessaire de parler, l’amour se voit et se vit avec Amour.
Remonte-il jusqu’à la tête ? Je vois bien que c’est cela qui fait mal, ce fait de perdre sa tête, la tête ayant perdu le cœur.

Et pour parler d’autre chose, autrement.
Moi et Toi, M & T, le M sur la T, liés par l’anneau du O :
MOT de passe.
Ces lettres « parlent » d’elles-mêmes. De leur généalogie, leur genèse.
Le A d’Adam, le E d’Eve
Entourant TOM Tom-be , OM sous la T. par ATOME.