Clarification

Le sens

Ce sens de nos actes, de nos mots ou opinions, doit bien avoir une utilité. S’il est perdu nous pouvons nous y perdre, et nous noyer dans la masse des mots chargés de sens et de non-sens. Ou tomber à côté, ne serait-ce que de nous-mêmes. Si, pour pouvoir vivre ou évoluer de façon positive, vers quelque chose de meilleur, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur le concept de Dieu ( ce que je ne cesse d’en donner les raisons ) cela n’implique nullement que nous puissions établir un contact avec sa réalité ou sa présence, et en sentir des effets au cours des temps qui nous sont impartis, aussi bref qu’une étincelle dans ces nuits. On ne peut guère commencer à voir de quoi il s’agit si nous refusons d’emblée d’entendre, et demeurons tenus dans nos postures d’orgueil, dans nos schémas de pensée, sans faire place nette en notre esprit. Délivré de préjugés, d’arrières pensées négatives, ou de raisons a priori, nous butons sur un monde sans voix qui nous fait douter. Non pas un doute lié au langage mais ce doute de soi, de sa propre réalité. Bref, tout devient d’un noir d’encre. Nous nous cognons aux montagnes littéraires, de ceux qui nous précèdent et ne manquent pas de talents pour nous entraîner dans leur labyrinthe. Mais ce n’est que le leur.
Dieu ne se prouve ni se trouve en mots. Mais dans le feu qui nous habite et nous consume, de telle sorte que le jeune que nous étions dans ses flammes nous poussant à l’action, peut en percevoir les métamorphoses intérieures, avec cette possibilité de meilleur ou de moins bon. Ça ne dépend que de nous, de nos réponses ou de nos choix face aux difficultés que le monde nous impose.
Cela ne dépend nullement d’une courbe de probabilité mathématique, ou des variables d’ajustement proposées par le physicien pour faire coller la théorie au réel de la nature. Cela dépend donc de notre relation entretenue avec Dieu, précisément.
Mais comme cette relation est sans substance effective dans le monde, ou par le monde tel qu’il est dans sa banalité, elle ne se peut que de façon exceptionnelle. Et là, c’est vraiment très délicat.
C’est un peu à la façon de la chance. Si nous pouvons parfois nous sentir traversés par ce divin dans le vin de Bacchus ou les fulgurances d’Apollon, cela retombe vite à plat. Il nous faut dans ces conditions réitérer les expériences, alcoolisées ou les sommes livresques. Ce n’est guère à la portée des enfants que nous sommes. Et il nous manquera toujours un maillon pour faire la jonction.
Bien. Nous ne sommes cependant pas désarmés face au vide existentiel. Amour, amitié, sincérité, courage, modestie, tout cela doit nous autoriser à recevoir mieux ce qui est grand en nous. Et de ce fait nous faire grandir, et voir la vie se modifier vers le meilleur, même dans les conditions difficiles. Nous devrions voir les conditions difficiles se transformer en conditions plus faciles, plus légères, si ce processus est respecté, si nous en prenons soin. Autrement dit nous retrouvons ce divin en nous, sans stupéfiant, ou sans expériences tragiques. Cela s’apaise en nous.
L’idée de dieu n’est plus une idée, un concept, ou un mot, mais s’incarne et se présente, avec tout ce que cela peut supposer comme « surprise ».
Eh, vous savez qu’il y a des choses incroyables. Ces choses ou ces faits ne naissent nullement par simple coïncidence et rencontre accidentelle, sauf rarement. Et si cela se répète en prenant des formes à chaque fois inédites ? C’est un indice.
Nous savons que nous sommes liés à la volonté de « Dieu », mais librement. Il ne saurait y avoir la moindre trace d’aliénation, d’esclavage entre Lui et moi. Entre Elle et moi. Entre Nous.
Ça ne fonctionnerait pas. Nous serions remis dans nos boites comme des pauvres diables.

… maintenant, ce que j’en dis… qu’allons-nous en faire ? … ça me concerne autant que vous, hein, je ne suis pas plus à l’abri que vous, pas plus dans une position stratosphérique…

Après bien des détours

Il faut aller droit au but si cela est possible.
Un homme, semblable à tous les hommes, assumant sa position parmi les hommes, affirme que rien de bon, de vrai, ou d’inspiré ne passe sans lui. Cette affirmation paraît de prime abord outrancière, mais ce n’est qu’une apparence.
Qu’en est-il en « vérité » ? Cela nous met dans une curieuse situation dans nos jugements, au sens de ce qui est audible pour nous. Un homme qui se prend pour « dieu », c’est un peu fort de café. Autant dire un Christ, alors qu’on en a déjà vu d’autres. Avec le peu de résultats quant à l’amélioration de la terre. Toujours prise dans des discussions à perte de vue qui égarent tout le monde, et n’empêchent aucun conflit entres les différents courants de pensées et d’opinions. Il pourrait donc faire figue d’imposteur ou de diable s’agitant en vain, de faux prophète tels que les écritures le dénoncent.
Alors comment savoir ? On peut d’emblée éliminer l’idée que ce sont les mouvements hasardeux de la matière qui décidèrent de la venue de l’homme, de la conscience, ou du vivant dans son plus simple appareil. Il a fallu une sorte d’étincelle voulue pour déclencher les processus, et cette sortie du chaos. De même au sein de nos ensembles sociaux, toujours la proie de forces destructrices.
Bref, en somme, il a fallu « quelqu’un » assumant cette position dans sa chair et son existence, d’un plan ou d’un niveau supérieur, et qui nous l’offrit à notre sagacité, en sachant les réticences et les rejets des uns, de même que les acceptations des autres, toujours en proie au doute.
Et quelques lumières qui percent.
Voyez, il a fallu donc un homme présent à la source et qui sache nous en restituer les données subtiles. Cela renouvelé. Et forcément dans la douleur pour celui qui en fit don.
Suis-je clair ?

Afin de ne pas se mélanger ou rater notre cible, cet « homme » se trouve non seulement en un seul, mais en des circonstances spéciales, comme en plusieurs possibilités, en plusieurs lieux.
Mais pour chacun d’entre nous, il en suffit d’un seul, comme on suit un Maître, qui logiquement est cohérent avec les autres malgré des mots et des langues dissemblables. C’est adapté à notre cas. Et supposé nous libérer.

Après relecture de ceci, je me rend compte que la sortie du labyrinthe ne se fait pas d’un seul coup. Il faut des sas de décompression.

Que cache le (mot) réel ?

Au sein de cet univers qui nous semble désert, amas de roches en fusion, tourbillons de galaxies, de planètes et d’électrons, quelque part des corps animés perçoivent dans leur chair les variations des températures, des déséquilibres constants des choses dans lesquelles ils demeurent, comme pris et distants, ou distincts. Sujets à l’altération qui les touche dans leur existence. Étrange phénomène du vivant, spécialement vivant sur cette terre comme un être exceptionnel dans un réel grandiose. Supposer que la bactérie ou le virus ne se questionnent guère sur leur mort, sur leur destin, ou sur les dimensions qui sont au-delà de la leur, penser cela n’est pas excessif. N’empêche qu’ils sont vivants, et on peut conjecturer qu’ils sont présents partout dans les univers sans risque de trop se tromper. À des échelles autres, dans ces mouvements de la matière là aussi on retrouve quelque animation.
Le tout forme un tout robot, à son échelle essentielle. Robot incluant cette volonté de se maintenir en vie, absolument. Dans ce réel à sa portée, que nul ne cherche à décrire, à dessiner, mais exclusivement à s’y maintenir, tenir sa place une fois qu’elle leur fut assignée. Comme nous, ni plus ni moins.
Ceci fait, pour nous se posent d’autres sujets d’interrogations. Dans cette étrangeté des êtres animés de volontés, ou d’instincts, nous sommes encore plus étranges, du fait de vouloir savoir en plus la raison objective de l’existence, comme si nous étions en dehors de la totalité, tout en se sachant forcément dedans. Il s’est opéré en nous un effet de sidération à propos de Tout. Comme si ce Tout nous faisait défaut.
Et que des mathématiciens cherchaient à en dénombrer l’infini. Alors que les niveaux de réalité ne sont probablement pas que dans les nombres, mais se tiennent en psyché, en onde objective, en sonorités, en formes, en relations, en tensions, progressions, dégradations, dans un univers uni, ayant de multiples dimensions. D’où le fait qu’il est indescriptible, il est insondable. Et qu’à nos yeux et notre entendement, nous n’en avons fatalement qu’un faible aperçu, mais suffisant pour maintenir nos psychés à flot.
Quand ça déborde, c’est à dire explicitement quand les maux nous atteignent et nous broient, là se posent les questions essentielles à notre sujet. Nous ne sommes pas nés conscients pour succomber dans l’inconscience, ou l’absence de conscience, ou le retour au degré minimal de la conscience des virus, des bactéries ou des électrons. Mais aspirons à garder en nous cette réalité de mémoire humaine, sensible, embrassant son horizon spécifique, génétique si on peut dire. Comme si nous étions à la fois des lecteurs des données universelles, acteurs dans ce même jeu, et peut-être créateurs ou auteurs de nos futurs. Nous serions par conséquent un peu plus que des percepteurs. Des animateurs en plus d’être animés.
Il est cependant entendu que le fait d’être animé est fondamentalement bien. La suite dépend d’autre chose, sans doute de très énigmatique, comme cette notion d’individualité. Celle-ci par définition ne se divise plus, mais échafaude, amplifie, croît.
On se rend vers le grand Robot. ( rien de péjoratif à l’examen)
Robot Réel. Intelligence Artificielle, Intentionnelle d’une Volonté Créatrice incluant la Nature, l’antériorité du Vivant.
C’est lourd, bien évidemment, et ça peut également devenir léger, aérien : Les deux faces du réel.
Voilées l’une à l’autre ?
Il faut bien se distraire, n’est-ce pas ?

L’Amour est revenu.

Chassé par une obscure chose, pire, écrasé sous des tonnes de pierres, enterré vivant, n’avait-il que ce choix de cette absence afin de protéger ces âmes endolories, et n’envisager que la raison pour pouvoir faire face sans se meurtrir davantage. Tout ceci vainement dans un désert inhumain. Le voyageur d’Orient connaît la tendresse et la douceur, mâtinée de soumissions. À l’opposé on a trouvé tellement de violence et de mort, si proche. Passons. Pensons que l’Amour de l’amour est revenu, malgré le déni. Et nous travaille, petit à petit renaissant. Nous avons dans une large mesure appris aussi les éléments de langage de la raison, de ces accastillages à bord de nos corps naufragés, en évacuant jour après jour ce qui nous détruit, nous reconstruisant sur des bases saines, qui nous furent imposées comme un feu salvateur.
Dans ce nouveau monde qui se présente, dans cette nouvelle façon d’appréhender le futur – puisqu’il faut nécessairement y passer – il y a certainement des monceaux d’incongruités et de monstruosités techniciennes, systémiques. Mais il y a aussi cette possibilité des imaginaires et des inspirations créatrices, des natures qui nous assistent pour revivre. De fait, il n’y a plus d’orient séparé d’occident, ni de nord en conflit avec le sud, du moins cette fusion globale est en germe. En nos esprits. L’amour est revenu porteur de cette lumière spirituelle qui, pour peu qu’elle soit acceptée et reconnue, fait son chemin et sans faute nous rassemble.

Réponse à une angoisse.

Dans cet enjeu où notre âme est en jeu cela soulève des inquiétudes ou des rejets, des peurs ou du sommeil pour ne pas succomber d’effroi. S’agit-il uniquement de croire, ou de se savoir confronté à Soi, à notre démesure, à sa mémoire, ou a cette nudité essentielle de nous-mêmes ? Les mots des uns et des autres nous mettent dans des contradictions insolubles par le truchement direct des mots. Face à notre mort nous sommes assez seuls. De même que face à la vie dans son ensemble puissant. Certaines nomment cela le Seigneur. Hélas si connoté depuis les siècles qu’il en suscite rejet. La mort reste une épreuve angoissante de même que la vie, prises dans cette tension d’un silence insoutenable. Sans écho ou sans résonance des voix extérieures venant en notre intérieur.
Dans le cas inverse, nous n’avons qu’à en suivre le Chemin, long malgré tout. Nous nous verrons unis.
ON – qui donc ? – nous a promis que nous ne mourrons plus mais que nous vivrons nos métamorphoses. Ceci n’a pas été une promesse destinée à un petit nombre de gens, je suppose.
On en oublie la simplicité. Sans Lumière il n’y a pas d’œil. Dans l’œil il y a cette lumière comme issue de notre âme.
D’où cette affirmation que nous sommes unis « au seigneur » bien ou mal.
Bien, c’est extatique, ou béatitude. Mal c’est angoissant, afin d’inverser le courant de notre vie.
Maintenant comment savoir si mes mots disent bien ou mal ? Et à qui sont-ils dits ?

Toxique

Sans Dieu, pas d’âme, pas de pensée, ni de bien ni de mal, rien qu’une sorte d’agitation stérile dans un vide d’objets sans objet, mots, langages, bruits, strictement identiques, tout s’efface. C’est un choix. S’il y a Dieu, ça nous demande un minimum d’effort à fournir pour le faire vivre, et qu’il nous le rende. Dieu restant une question ou une quête. Les gens attachés à leurs habitudes, se rassurent, croyant pouvoir rejoindre le grand tout, comme une évidence.

Et puis ce n’est pas tout, quand les choses vont mal, ce n’est guère de la faute des systèmes, mais bien du mauvais cœur. Les systèmes économiques religieux, politiques, scientifiques qui se disent meilleurs en conservant un mauvais cœur, des mauvaises pensées ?

 

Un peu de silence

Lui, se tient dans le silence

forçant le monde à faire son choix, en conscience.

N’obligeant personne à se repentir, s’humilier face aux autres

ou à couvrir les femmes de voile pour cacher leur honte.

il n’impose rien de sa mort, qui ne nous perd ni nous sauve.

Que reste -t-il de la fête au sommet des crânes ?

Un espèce de guerre froide, des amis devenus ennemis,

des ennemis qu’on hait,

se plaçant du même coup au même niveau qu’eux,

tout tombe dans le vide.

Il n’y a plus rien, que les désillusions.

Alors, le silence à ce moment là vous indique la voie.

Les peintures, les sculptures, les chants doux, les médecines douces,

les sourires et mêmes les larmes vous indiquent le chemin

opposé à toute politique qui sépare l’homme de lui-même.

Quel programme …

Alors pourquoi ?

D’abord parce qu’il faut vivre. Et que pour vivre il faut savoir vivre, et cela s’apprend. Non pas dans les livres, mais dans la chair, le sang, les larmes, les rires, dans l’amour libre. Dans la simplicité des jours, dans le repos, et les efforts, dans tout ce qui nous construit quand on construit ou quand on crée. Et on se délivre. C’est Christique.

Cela ne se fait pas n’importe comment, au gré de nos humeurs, et de nos erreurs. Nous avons des prédécesseurs avertis qui ont mis en ordre impérial toutes ces choses et qui y tiennent comme outil de pouvoir. Ils n’ont pas l’intention de lâcher d’un pouce, de concéder la moindre parcelle de terrain ou de concept à un individu anonyme, venu d’on ne sait où et qui renverse le système ordonné depuis des millénaires, par ses messages aux relents hérétiques.

Hérétiques, si on veut bien examiner leur contenu et tout ce que ça implique comme changement, comme modification dans les conditionnements qui furent transfusés depuis si longtemps, et firent de nous, en masse, des automates sans discernement, serviles. Et puis inconscients des périls réels, de ces perditions dans des puits sans fond.

Bref, il se peut qu’une seule voix parmi toutes celles qu’on entend soit étincelle déclenchant un renversement. Certes non pas parmi les foules, parce que cette petite voix serait noyée dans la masse. Mais parmi certains d’entre nous touchés, attentifs, ne lâchant pas la main de leur maître, et les éléments de pensée qui bouleversent, sidèrent et émerveillent.

Pensez donc que le vieux monde et les institutions ne vont pas accepter cela. Elles vont pieds à pieds tenter de se réapproprier les éléments de langage à la base de ce renversement dans les têtes et les cœurs, faire œuvre de détracteur. Travail dans l’ombre.

Je ne crois pas à la bonté foncière des systèmes ordonnés, qu’ils soient politiques, religieux ou scientifiques, économiques. Désormais chapeautés par les ordinateurs. Ce qui nous enferme dans un langage écrit crypté d’où la parole est mise sous contrôle, de même que nos faits et gestes.

Comme des oiseaux en cage tenus de se taire. Et de souffrir mille misères, mille morts.

Croyez vous sincèrement que le dieu présent en chaque homme puisse dans ces conditions, secrètement recréer son dieu ou son état d’être initial, premier, principe, etc.

La régression à l’infini ? Nous ne pouvons pas l’interrompre de nous-mêmes, selon nos moyens ou connaissances. Nous pouvons juste renverser en nous ce mouvement d’involution en évolution. Ce qui nous oblige à nous débarrasser des encombrantes pierres qui nous firent chuter, pensant gravir les sommets en Esprit.

Au fond

Un philosophe plus ou moins aristotélicien affirme que les fondements de la métaphysique se trouvent dans trois points : La négation, la désorientation, la régression à l’infini. ( pour le dire succinctement )
C’est partiellement vrai. S’il y eut la négation il y eut l’affirmation ; si tout était possible, il y avait aussi ce mur, et cet orient perdu ; et s’il y avait la régression, c’est parce qu’il y eut immédiatement cette conscience informulée de la chute, et de la mémoire.
La métaphysique est née du souvenir. De l’éveil. De l’écoute de la voix située au-delà qui suscite le songe, et qui nous brûle.
S’il y eut négation c’est par cette révolte initiale de celui qui réalise sa condition de prisonnier, et refuse. S’il s’agit de désorientation et d’ouverture à tous les possibles, cela relève du désir puissant qui le possède, qui le propulse hors de lui. Et s’il y a régression à l’infini, c’est face à la nuit des étoiles, face à l’incommensurable abîme qu’il perçoit.
Tout cela sans formulation, uniquement intuitif viscéral. Cela ne relève pas de la logique, il n’y a aucun mot, mais des sons, des lumières, et la nuit.

Où les pensées peuvent se recouper, c’est dans cette affirmation a posteriori de notre nature singulière, de se savoir sans habitat naturel, comme si nous étions venus d’ailleurs, sans niche spécialement conçue ou en adéquation avec ce que nous sommes. En fait nous sommes décalés, distants de notre existence.

Comment comprendre et interpréter tout cela ? Le processus créateur opère automatiquement ( plus ou moins) jusqu’au point où l’opérateur s’inclut dans l’opération, en prenant tous les risques de la séparation, de la disparition, de l’oubli, et de la mort. Mais qui est comme un ensemencement de ce qu’il est dans l’infime partie opposée au tout. De là naît un avatar. Ou une racine. On peut supposer que cet ensemencement volontaire ne s’est pas produit en un seul exemplaire, mais en nombre suffisant pour que le processus tienne de lui-même et sache se reproduire, malgré la perte d’instinct due à sa qualité intrinsèque d’être conscient et distant, décalé ou fou.

Ainsi donc, le Dieu s’est inclus dans une forme ( ou plusieurs autres possibles ) et on se demande en vue de quel besoin s’il est Dieu. Qu’est-ce que cela pouvait lui rajouter de vivre cette expérience dans ce microbe humain pullulant ?
Devoir souffrir atrocement
Se voir se niant, s’humiliant dans la multitude
Se tenir impuissant.

Bref, que s’est-il passé avant notre apparition dans ce corps limité et qui a décidé de s’y inclure et s’enfermer ?
Comme si dieu avait rejeté hors de lui une part de lui, hors de son domaine ou sa demeure. Ou comme s’il s’était jeté dans un corps pouvant le recevoir.
Cela nous dépasse totalement. Cela voudrait dire qu’il s’est divisé ? Ou qu’il voulait se reproduire ? S’étendre encore plus loin ? Se multiplier à l’infini ? À partir du lieu où Il se trouve.
La logique de tout cela, c’est que le processus de création ne finit jamais, mais se rénove sans cesse. Esprit d’aventure qui donne du sel à toute existence. Même au niveau des dieux, et des anges obéissants.

On ne disposerait plus que des mots pour s’informer ? Ce n’est pas certain. Il y a toujours un moyen d’expérimenter dans sa chair ce que contient l’univers.
Prenez Icare qui se rapprocha trop du soleil et qui tomba. Sans doute avalé dans ce soleil, ce qui ne lui laissa pas le temps de réaliser l’expérience de la distance demandant du temps, un décollage trop rapide hors de son corps en somme, et sans retour. Il faut probablement que ce qui se passe en nous se fasse à feux doux, comme pour l’éclosion d’une graine, dans des conditions propices.

Le Serpent l’engage

Langage d’où ? ou doux langage ?
Il dispense son venin par sa langue séduisante. Qu’est-ce qui est un danger, et qui est en danger ?
Cela ne peut être que nous, en péril pour et par nous-mêmes, par le fait du langage, qui nous engage. Nous nous sommes engagés depuis si longtemps, depuis la nuit des temps, depuis les origines. Le danger est de ne pas retrouver cette origine, de se perdre dans ces infinis, de se dissoudre, exactement de se séparer de nous-mêmes. Succomber dans la complication langagière qui nous fait renoncer. Langagière ou logique du logos ne disant pas, ne pouvons jamais dire ce que contient le silence de l’ange. S’il le disait il s’exposerait ou l’exploserait à distance. C’est à dire depuis le lieu où nous sommes, nous toucherions à son corps d’ange sans en avoir droit, sans savoir malgré nos sciences, dégradant le sommet avant de pouvoir nous y rendre.
C’est en vertu de cela qu’il n’y a qu’une seule philosophie valable, c’est dans la mise en pratique de vérités qui donnent à vivre et à voir. Et non pas dans ces accumulations de mots qui tournent autour du pot, comme une tour de Babel, une spirale verbale, non spirituelle effective.
Il est pénible de se trouver face à ces sommes savantes qui t’enferment dans leur labyrinthe sans que tu puisses y trouver ta propre lumière. Comme des vérités dogmatiques, – ce qui est un pléonasme par définition – qu’on t’assène comme unique et incontestable, puis t’en fait la démonstration, quelles qu’en soit le domaine des disciplines. Danger des doctes, depuis toujours. Dès lors qu’ils ne parlent pas d’anges, d’ âmes simples.
Cela demanderait pour celui qui voudrait produire une contre offensive face à la redoutable machine de guerre intellectuelle dotée de légions savantes, d’avoir tous les éléments discursifs à sa portée, et se mettre à niveau.
Imagine le topo.
Dans ce sens là, de façon rigoureuse, il ne peut y avoir que Dieu et ses anges pour pouvoir affirmer le contraire sans risque d’erreurs. Et même là, rien que le mot-dieu fait défaut et relève de ton arbitraire ou d’une impossible communication, mise en commun de l’un à l’autre. Bref, tu restes seul avec ton Moi. Enfermé et schizophrène, parano ou bipolaire.
Bon, inversement il y a du bon dans ces nœuds générés par les intellectuels de toutes branches, à condition de ne pas se laisser prendre, ou mordre, c’est à dire empiéter sur ce que tu sais en toi-même de façon immédiate, même si c’est « très peu ».
Ce bon, ce mal venu des tréfonds cela réveille.

À ce que j’affirme là, il va être facile pour un critique de trouver des failles et des fautes. On peut me répondre par exemple : puisqu’il y a Dieu comme tu le prétends, il n’y a plus aucun danger nulle part. Facile, dans ce cas les hommes et les pouvoirs peuvent tout s’autoriser, si tout relève de l’expérimental. Sans frein.

Être riche

Sont riches ceux qui surent garder la vie, la terre fertile animée de toutes les présences, préservant tous ces savoirs originels inscrits dans les bêtes, les plantes, les pierres, et partant de cette connaissance font le constat simple du sacré en eux-mêmes. Énigmes de l’homme rendu à cet état sauvage premier qui sait qu’il ne peut pas transgresser les lois de la nature, mais qu’il n’a d’autre choix que de lui obéir pour pouvoir y subsister. Bien plus que cela. Il y découvre l’infinie richesse de la création vivante, ce qui ne peut que le mettre en joie. Il sait aussi qu’il existe cette face noire des hommes servant des fins ignobles, remplie de vengeances et de vols. Cela le terrorise de se savoir mêlé à ces sinistres histoires. Il sait possible que ses ancêtres ont eu leur part négative dans le processus des dégradations et des chutes, ce qui conduit à des hostilités, des ruses et des perversions. Nous voilà rendus à ces extrémités où le passé n’a plus cours, et où ne se présente plus qu’un futur incertain, trouble, misérable dès lors que nous avons perdu ces capacités fabuleuses de nos corps. Et sommes prisonniers des systèmes, des machines, des lois humaines infectes et des valeurs ne valant rien, mais appauvrissant et détruisant tout, en laissant cette illusion de tenir le destin des peuples entre leurs mains, alors qu’ils ne sont que leur bourreau.

Cela demande réflexion, ce face à face du noir et du blanc, ces jeux d’ombres et de lumières, ce déroulement des événements, des crispations et tensions dramatiques, de même que ces résistances face à ce qui nous mine.

Ce qui peut nous sortir de là, ne se tient pas dans ces hiérarchies, mais côtoie ces humbles. Sans non plus jeter la pierre à ces méchants. Parce que ces pierres nous blesseraient en retour. Cela ne résoudrait rien. N’empêche qu’il faut résister partout où c’est possible et ne pas se laisser piétiner par ces forces là. Elles ne connaissent que ce jeu là, ce jeu de massacre.

Mal sacré ou ma sacrée : s’approprier le sacré.