Tout doux

Si Tout est mouvement
Sur quoi repose le tout ? Me demandais je.

C’est comme cette impression que le soleil se couche à l’ouest. Comme cette apparente immobilité des choses inertes. Ou comme si l’univers était inhabité dans ses moindres replis. Et qu’il n’y aurait que des choses dans un bal absurde tournoyant sans cesse. Ce qui fait que nous n’aurions rien à dire où faire. Que tout serait joué dès le début confondu avec la fin.
Bref tout serait mort, ou vide, et on appellerait ça le vivant.

Parmi la montagne des écrits peu nombreux sont ceux qui font mouche. C’est à dire atteignent une profondeur utile. Et répondent à une urgence. Ces réponses sont cependant incluses dans la masse des textes exprimés, mais comme s’ils étaient enterrés, enfouis ou cachés. Ces perles sont en Esprit. En esprit d’homme. D’humanité. Notre spécificité. Capacité d’embrasser la totalité. Et de ne pas nous détruire. En principe. Mieux, pouvoir créer. Dans ces conditions nous ne sommes plus des jouets de ces univers insondables. Nous y jouons, et découvrons sans cesse ses merveilles.

On pourrait faire une analogie avec notre présence dans notre temps, dans notre corps et ses innombrables cellules, et ses flux, ses mouvements d’eaux, et d’os comme des rochers parcourus en tous sens. Et les vents qui nous font respirer et penser, nous inspirent.

Dans la masse des images, nous y sommes. Nous ne sommes pas censés être dépossédés de nous-mêmes. Nous pouvons ranimer le tout. Parce que nous sommes vivants.

Et bien sûr très bousculés dans ces agitations, ces démences. Nous avons encore une chance inouïe, celle des présences naturelles à nos côtés, qui nous enseignent si discrètement.

C’est pourquoi il ne faut pas perdre son temps d’existence à se cogner la tête contre des murs absurdes, et se ruiner la santé mentale. Ou morale, dans ces déchaînements fracassants.

Il existe des musiques douces qui sont des voies rapides. Des peintures, des sculptures, des édifices bénéfiques, à préserver. Il y a des mauvais cœurs. Qui verraient bien une destruction totale conforme à leurs calculs. Bizarrerie des mauvais esprits. Qui se prennent pour des Titans.

Quelle misère

Je ne sais pas si c’est de la misère ou une simple fermeture d’esprit. Ou les deux.
Des jeunes gens font des études difficiles et suivent la doctrine officielle qui n’autorise aucune remise en doute, ni approfondissement.
La médecine considérant qu’il faut éliminer ce qui est nécrosé, plutôt que protéger ce qui est sain. Ceci dès le début d’une arrivée sur terre.
Ce qui fait qu’il y a transmission des défauts ou des morbidités, des faiblesses.
Ce monde se croyant fort avec ses technologies, ne voit pas qu’il en pert la dimension spirituelle et ses lumières, sous la chape écrasante du scientisme allant de pair avec un matérialisme étriqué.
Les spiritualités sont renvoyées dans la sphère des superstitions, des choses strictement intimes, alors qu’elles concernent tout le monde, de façon obligatoirement commune, comme monnaie d’échange.

Ob Jet

En ce moment je taille un noyer, très sec. Il m’épuise. Tout doucement j’y arrive. Il prend forme, il devient objectif. Une pensée ou un ressenti objectif. Il a pris chair. Et n’évoluera pas.
Mais un texte, une poésie se transforme avec la voix, la chair. Comme la musique avec ses interprètes.

Soli

Vous connaissez la formule latine, vae soli.
Eh bien, dans cette solitude malheureuse, la tentation du mal est grande.
la faille n’est plus une légère fêlure, mais un gouffre où la haine s’engouffre,
et cherche sa consolation.
Cela nourrit les monstruosités collectives qui s’en nourrissent
et où les hommes trouvent leurs frères d’arme.

Et cette impression de toucher quelque certitude,
qui n’a plus de droit d’être remise en question
les hommes ont trouvé leur ennemi.

Quant à l’ami éternel, ce qu’il nous enseigne,
cela passe en dernier. Si ça passe.

Humain trop

Ce (lui) qui fit ce monde le fit à la perfection. ( mettons presque )
Jusque là tout va bien. Pas d’humains à se déchirer sur terre. Ça ne devait pas satisfaire celui ou celle qui poussa le bouchon un peu plus loin, et engendra des êtres particuliers, qui se posent des questions. Illuminés par quelques réponses entrevues, ça devient nettement plus délicat. Parce que celui qui se questionne conçoit qu’il n’est pas pour lui-même sa propre cause. De même le monde, enfermé dans son monde, et ne pouvant comprendre et se rendre au lieu des causes ou des origines, puisqu’elles ne sont pas là.
Mais on a réussi ce fait incroyable de nous faire croire, donc de ne plus se poser de questions et d’accepter les réponses toutes faites imposées par certains d’entre nous assez rusés pour cela. On retrouve là les disputes dans les sphère politiques, religieuses, et plus sournoisement dans celles des mots qui font autorité.
Finalement ce ( lui) qui fit ce monde a réussi son coup de nous diviser à l’extrême. De telle sorte que la possibilité de trouver son unité se trouve en personne, qui se pose ses questions.
Tu es seul face à ton dieu ( persona, ou masque ) , en somme, que tu reconnais ou non. Et selon cette reconnaissance qui se produit en toi, tu entends mieux les maux du monde, et les zones obscures que chacun véhicule comme étendard.
Tout cela achève de rendre le monde très injuste, toutes chapelles et tous partis confondus, qui se pensent détenteurs d’un absolu.
On s’étonne ensuite que le monde rejette sa faute ( son manque ) sur un ou sur des boucs émissaires.
Ainsi s’achève la ruine du monde.

À propos de conscience

Parler de conscience revient à parler de science. Un conscient sait, ou saisit ce qu’il a sous les yeux, sous ses perceptions. Saisie qui n’est pas fixe, mais mobile avec les objets. Conscience de ces matérialités et ces spiritualités, indéfinies, jamais définitives. Ce qui fait que la conscience se modifie, nous ne savons jamais de façon définitive non plus. Simplement nous évoluons ou non dans cette conscience. En fonction des informations reçues, que nous prenons en compte ou rejetons.
Dans ces conditions il est difficile de parler d’identité. La matière pas plus que l’esprit ne sont porteurs d’identité en soi, d’identité définitive. À ce rythme la conscience non plus est sans identité apparente. En quelque sorte tout sujet est porteur de ses illusions passagères, sans devoir se rendre nulle part. Un peu comme des courants d’air.
Il y a un défaut quelque part dans cette absence d’identité ou d’être identique à soi-même.