Le fils

Si vous voulez vous opposer aux fascismes, il faudra alors vous opposer au monde. Pour s’opposer au monde, il faut voir ce qui le guide et l’égare. Pour voir ce qui le trompe, il faut savoir où se trouvent les vérités sans erreurs. Pour reconnaître ces vérités il faut laisser de côté les préjugés, les jugements hâtifs, et voir ce qui se produit en soi, dans les profondeurs de nos rejets, de nos hantises et de nos approximations, de même que nos actes et de nos choix. Il faut donc que nous soyons capables de nous juger nous-mêmes sur ce que nous faisons dans le monde, ce que nous pensons du monde et ce que nous disons. Sur quelles vérités exprimées nous nous appuyons.

À partir de là, nous butons sur le mur de nos ignorances, d’où nous avons faits nos choix. Ceux-ci peuvent être à la fois bons et mauvais. Ils peuvent dans ces conditions nous entraîner sur une pente mauvaise sans que nous le sachions. Nous nous en rendrons compte a posteriori. De même que nos choix positifs nous élèvent et nous le réalisons après coup.

Si nous voulons que les choses soient meilleures il nous faut savoir d’où vient le meilleur. Il nous faut obligatoirement l’entendre et lui obéir, il ne peut s’agir que du même en nous, qui est plus grand que nous, qui nous fait grandir.

Se constitue alors une chaîne humaine qui peu à peu se délivre, parce qu’elle sert des intérêts communs. Contre laquelle les intérêts des particuliers ont de moins en moins de pouvoirs. Ne pouvant plus nous détruire. Dans ce sens là nous vivrons. Nous verrons. Nous saurons que les maux sont derrière nous, et non devant nous. La méchanceté n’a plus de prise sur nous. Nous ne faisons plus mal. Les outils deviennent utiles, nous devenons utiles aux autres. Nous mourrons, mais la mort n’aura plus le même sens. De même que la Vie. C’est comme si la vie était revenue. Comme si les fils qui nous nouaient dans le mal se dénouaient. Et que nous ne les avions pas coupés, parce que coupés nous aurions perdu la vie, et celle-ci nous aurait perdu. Tout ce par quoi nous sommes passés ne sera pas perdu, mais ne se reproduira pas. Dans ce cas le futur s’ouvre en douceur, paisiblement.

De la folie d’être ou de n’être pas

Nous n’avons rien entre les mains comme objet pour pouvoir penser rationnellement le réel, hormis le temps et l’espace. Intuitivement. Ce qui se dit aussi et s’explique selon les données des physiciens et mathématiciens. C’est relativement maigre. Temps au sens du temps de Planck, le temps de l’étincelle, temps limité, instant borné. Espace infini, vacant, sans limite.

Courbure de l’espace qui génère le temps, le limite, lui assigne des bornes ou inversement étincelle qui courbe l’espace.

Sans doute qu’il se passe quelque chose qui s’y inscrit, se produit et se transforme. Quelque chose n’étant ni du temps ni de l’espace, mais qui s’y déploie et se forme, se revêt de ces habits informels.  Un être est hors de ces objets. Volonté, intention, pensée, conscience, quoi d’autre encore, précédent la forme, antérieur à toute formation ? Être hanté rieur, qui se voit dans ses formes, comme dans miroir, dans le fait, le geste, et sort de sa condition initiale aveugle et solitaire. Quel sort, quelle aventure ! Se découvrir soi-même porteur de tous ces possibles enfouis profondément dans une sorte de psyché inconsciente nocturne, désormais dans cet espace temps, son mouvement de lumières.
Ce n’est donc pas rien, cette « création ». Le créé se révèle ce qu’il est, grâce aux voiles que forment espace mêlé au temps. C’est de là que nous aussi venons. Nous étions inclus dans les profondeurs nocturnes, fusionnés. Et désormais sommes sortis de l’œuf initial. Probablement pour que nous fassions quelque chose, et non pas retourner dans cet œuf. Serait-ce d’en inventer un autre et d’autres possibilités d’être ? Dans ce sens la vie ne sait que se poursuivre, se propulser.
C’est peut-être faux. Il est possible que nous n’ayons rien d’autre à faire, qu’à retourner dans notre demeure initiale, dans cet œuf premier avec tout ce que nous aurions assimilé hors de l’œuf. Ce qui nous autoriserait d’en créer un autre, mais ce n’est nullement obligé. On pourrait aussi s’y reposer, du repos éternel.

Dans cet ordre d’idée ou de pensée, il y a l’évidence d’une folie, d’une profusion, du dépassement de toutes les limites. Ce qui se précise à l’analyse objective des faits et gestes, insaisissables.

Être ou ne pas être ? c’est pour cette raison qu’il nous est demandé d’être calme.

Échec

L’échec est de retomber en poussières.
au lieu de retrouver aux origines
nos corps de lumière.
Dans ces effusions de sang
dans ces violences sectaires
ces vols des terres et des vies,
ces horribles hégémonies
qui appellent vengeance sur vengeance
il n’y a aucun espoir.

Du rachat

Nous sommes venus dans ces corps par la puissance des désirs, de nos pères et de nos mères, qui nous ont arraché des lieux où nous étions, soit endormis soit morts. Peut-être étions-nous accomplis ? Ceci doit être rare, ce genre de venue d’un être accompli dans un corps altéré, sans doute pour des raisons d’un ordre supérieur.

Ici nous sommes coupés en deux avec une moitié qui nous fait défaut. Dès qu’on pense avoir découvert quelque réponse, d’autres questions encore plus profondes apparaissent. Des questions relatives à la violence récurrente qui sévit, d’autres à propos des désamours entre les sexes qui ne s’entendent guère, ou le constat affligeant d’un monde suicidaire, de combats absurdes pour une vérité qui échappe à tout le monde.

Avec quelle autre moitié allons nous pouvoir nous sentir dans une unité sereine, si c’est possible en cette existence ? Il semblerait qu’il nous faille franchir les horizons existentiels pour que cela se fasse. Cela n’est plus de ce monde. Ce n’est plus cette puissance des désirs de cette vie qui nous hante, ou nous anime, pas plus que de la voir mourir avec indifférence ou jouissance par vengeance, à cause des souffrances vécues ici. Non il s’agit d’un autre lieu où nous sommes en vie, et de s’y rendre. C’est la question du rachat. De cette reconstitution de nous à nos origines. De savoir d’où nous venons et où nous allons. Ce qui modifie le présent de façon considérable.

Nous serions par conséquent moins attachés aux choses de ce temps. Mais bien plus à celles de nos âmes, de cette séparation effective de notre âme en deux moitiés. Cette affirmation semble fausse, puisque nous sommes dans notre génome un être entier. alors que nos cellules sexuelles sont haploïdes, et paraissent dominer toutes les autres, et poussent les vivants à s’unir. Mais c’est insuffisant comme explication de nos manques.

Comprendre que dans nos chairs, nous manque cette part divine. Plus que celle de l’ange. Un degré au dessus, du fait de notre volonté d’être existant libres. Un homme ou une femme ne peut accepter d’être l’ange de l’autre. C’est cela la définition singulière de l’homme ou de la femme. Il s’agit de plus que de liberté, il s’agit de facultés créatrices, de prises de décision, d’orientation. Il s’agit en vérité de quoi ?

Un ange, suit. Un « dieu », c’est à dire une volonté créatrice et organisatrice sans défaut, sans faille, ni erreur, doit assumer cette position sinon, retombe, et recommence.

La terre a cette mission là, d’être une pépinière des dieux. Par les hommes qui redécouvrent tous leurs pouvoirs.

Il est évident que les effusions de sang sont en sens interdit. Signe d’un échec. Nous retombons dans la fosse.

Et après ?

Une fois qu’on a dit qu’il n’y a pas de paix sans vérité vécue, que le réel n’est pas matériel exclusif ou spirituel exclusif, que notre mort contient notre âme, que la révolte est une impasse, comment arriver à voir la vérité, l’entendre, la réaliser, se décider à modifier radicalement nos choix, et que le futur s’ouvre devant nous ? Autrement dit comment allons-nous pouvoir véritablement progresser vers une vie meilleure, une ouverture en notre esprit, et une libération dans nos existences qui verraient nos relations totalement modifiée de même que nos peines, nos devoirs, tout ce qui nous pesait, et nous enchaînait.

Dans cet ordre d’idée, et impérativement de mise en pratique de ces idées simples, nous voyons les nœuds tragiques se défaire peu à peu. Nous ne serions plus esclaves de faux besoins, de désirs maladifs, de tyrans décidant pour nous du bien et du mal, nous sanctionnant ou nous gratifiant.

Cette progression ou cette évolution ne peut passer qu’en se défaisant des anciens liens néfastes, remplie des vengeances et des ressentiments, de ce qui alimente le rejet des uns et des autres. Cette libération de ces jougs sinistres ne se peut qu’en se réappropriant, en assimilant et se disciplinant à un joug « autre », mais forcément douloureux dans son processus d’épuration et de réparation de tous les maux reçus et infligés.
Nous ne sommes pas condamnés. Il n’y a pas de salut dans la mort, il n’y en a que dans l’âme qui se retrouve vivante, à la fois dans ce temps d’existence et au-delà de cette existence. Vivante et présente. Les liens rompus se reconstituent tout doucement.
Cet ange que nous étions, cette forme humaine reprend conscience des origines, de ses métamorphoses, des transformations qui s’opèrent en passant par le filtre terrien de l’existence obscure.

La terre c’est un lieu difficile, certes. Ça fait partie des plans. Des plans et intentions créatrices. Et non des intentions destructrices.
Malgré cela, nous ne saurons jamais tout à fait pour quelles causes exactes nous sommes venus vivre sur terre. Nous le saurons quand nous serons au « ciel » hors de ce corps, à condition de s’y rendre. Et de savoir comment. Bref, on n’est pas condamnés à l’ignorance.

On contribue à la connaissance par la reconnaissance.

Ça, cette reconnaissance, englobe peu et beaucoup à la fois. On reconnaît ses méfaits, on reconnaît ses frères et sœurs, on reconnaît le pur. De fait on s’ouvre le Chemin.

Qui a tué Jésus ?

Qui le tuerait encore aujourd’hui ? Ne serait-ce pas ceux qui voient leur domination s’écrouler ? Et qui sont ceux qui dominent le monde totalement, envahissant tous les espaces mentaux, tous les moments et ne laissent nulle place aux rêves et à l’espérance ? De fait le temple de l’Homme est sous le joug, la coupe ou la voûte des marchands et leurs fonds de commerces. On y vend de tout. La vérité même y est vendue. Corrompue, enrobée de tous les mensonges possibles, trahie, dévoyée, pourrissant les esprits, les cœurs, et les corps. Ils se sont immiscés dans la vérité de nos rêves innocents, par des boniments, des séductions, puis par des contraintes implacables armées.

La question n’est pas celle du capitalisme à proprement dit, puisqu’on sait qu’on ne fait rien sans un capital, de savoir, de techniques ou de temps, comme un capital de santé, de forces dont on dispose. La question tient à cet esprit des concurrences pour dominer le monde, donc à l’histoire des conflits qui nous mirent dans cette situation actuelle des marchés recouvrant toutes les possibilités. Toutes les paroles. Avec comme sanction à la clef, la privation pour les rebelles à cet « Ordre » marchand : Marche ou crève.

C’est pour ça. C’est pour cela aussi qu’ici ou là, on fait semblant d’attendre le Messie, parce qu’il redirait les mêmes choses actualisées, comme un grain de sable dans cette machine, dans ce sac de nœuds indescriptible. On ne veut pas entendre le message, dont nous pouvons tous être témoins. ( Ceci veut dire que ce n’est pas tant la figure ou le nom du messager qui importe, mais bel et bien le contenu en vérité ) 

Ainsi voit-on tous les vols avec violence s’organiser pour piller les ressources et en faire des marchandises s’imposer comme « biens » indispensables, smartphones, tablettes, missiles, kalachnikov, autos, robes et bijoux, dont le monde est absolument saturé et absolument privé.

Misère.
La Vérité ne se vend pas, elle se donne et se prend, parce que nul n’est propriétaire de la vérité, de même de la vie. Tandis que les biens s’échangent. Que les paroles s’échangent, justes et communes. Ce qui est capital c’est ce bien commun qui tend vers la vérité. Parce que la Vérité est devant nous, elle nous devance, et nous nous y rendons. Ou non.

Par défaut de cela, les formes deviennent chaotiques et catastrophiques. Qu’ils soient des torrents de boues, des tsunamis, des révolutions sanglantes et sans issues, ou des fascismes.

On arrive au bout. Avec ces ventes de gamètes, comme si nous vendions père et mère. Pour quel intérêt ?