Nous n’avons rien entre les mains comme objet pour pouvoir penser rationnellement le réel, hormis le temps et l’espace. Intuitivement. Ce qui se dit aussi et s’explique selon les données des physiciens et mathématiciens. C’est relativement maigre. Temps au sens du temps de Planck, le temps de l’étincelle, temps limité, instant borné. Espace infini, vacant, sans limite.
Courbure de l’espace qui génère le temps, le limite, lui assigne des bornes ou inversement étincelle qui courbe l’espace.
Sans doute qu’il se passe quelque chose qui s’y inscrit, se produit et se transforme. Quelque chose n’étant ni du temps ni de l’espace, mais qui s’y déploie et se forme, se revêt de ces habits informels. Un être est hors de ces objets. Volonté, intention, pensée, conscience, quoi d’autre encore, précédent la forme, antérieur à toute formation ? Être hanté rieur, qui se voit dans ses formes, comme dans miroir, dans le fait, le geste, et sort de sa condition initiale aveugle et solitaire. Quel sort, quelle aventure ! Se découvrir soi-même porteur de tous ces possibles enfouis profondément dans une sorte de psyché inconsciente nocturne, désormais dans cet espace temps, son mouvement de lumières.
Ce n’est donc pas rien, cette « création ». Le créé se révèle ce qu’il est, grâce aux voiles que forment espace mêlé au temps. C’est de là que nous aussi venons. Nous étions inclus dans les profondeurs nocturnes, fusionnés. Et désormais sommes sortis de l’œuf initial. Probablement pour que nous fassions quelque chose, et non pas retourner dans cet œuf. Serait-ce d’en inventer un autre et d’autres possibilités d’être ? Dans ce sens la vie ne sait que se poursuivre, se propulser.
C’est peut-être faux. Il est possible que nous n’ayons rien d’autre à faire, qu’à retourner dans notre demeure initiale, dans cet œuf premier avec tout ce que nous aurions assimilé hors de l’œuf. Ce qui nous autoriserait d’en créer un autre, mais ce n’est nullement obligé. On pourrait aussi s’y reposer, du repos éternel.
Dans cet ordre d’idée ou de pensée, il y a l’évidence d’une folie, d’une profusion, du dépassement de toutes les limites. Ce qui se précise à l’analyse objective des faits et gestes, insaisissables.
Être ou ne pas être ? c’est pour cette raison qu’il nous est demandé d’être calme.