Il faut du temps

Il en faut pour que le mystère se déroule, à force de persévérance. On peut toujours regarder en arrière et voir ce pour quoi on s’est battu, tous ces combats contre les mensonges, que ce soit ceux des religions, des publicités et des marchands, des sophistes et des scientistes, tout ce qui nous conduit à la mort. Au lieu de nous rendre vivants, vivants dans tous ceux qui viennent vivre ici.

Je me demandais ce qu’était un homme, un homme masculin. Non une brute épaisse et violente, ne prenant nullement la mesure de ses actes, se croyant supérieur avec ses réussites d’un ordre dominateur, ses machines et ses outils, ses systèmes intelligents. À tel point que cet homme là est remplacé par ses artefacts, et son existence fait pitié.

Il peut s’enrober de féminin pour se croire prémuni de son insignifiance. Il réduit le corps à un marécage organique et énergétique, comme la terre, objet modulable à sa guise. Il se croit homme dans la production de puissance mise en œuvre, débouchant sur les guerres, au prix des destructions de la vie sur terre.

Je me demandais aussi ce que voulait dire cette féminisation à outrance des mâles, comme si le désir était affecté. Et qu’il deviendrait sain en devenant pour un homme une femme, et pour une femme se masculiniser.

On confondrait le désir pour la femme et le désir d’être femme. C’est à dire qu’on aurait perdu le sens du désir. Il serait devenu corrompu. Au sens propre, informatique, d’information illisible.

Cette question du désir est capitale. Autant que mystérieuse.

Il me semblait qu’être un homme consistait à lutter contre le chaos, et être une femme donner la vie, au sens large, plus large que la mère. Redonner la vie entièrement dans les espaces des possibles. Redonner par conséquent les lumières intérieures perdues. Parce que nous fûmes égarés. Égarement intérieur autant qu’extérieur.

S’il existe des hommes qui ne sont pas paumés, ils arrivent à créer des œuvres en conséquence qui témoignent de cet accomplissement de la vérité en eux mêmes, sinon ils apparaissent comme des fantômes ayant vaguement forme humaine, c’est à dire étant vaguement habité d’humain. Hommes et femmes étant tous les deux très perturbés dans leurs évolutions respectives, à cause de ces violences qui s’exercent sur eux, et les subjuguent.

Ainsi, nous ne savons pas où iront les choses exactement, mais nous savons que les enfants n’aspirent pas à ce monde adulte qui se présente à eux. Il y manque des clowns et des beautés, du sérieux. Surtout dans ces façades médiatiques, où tout le monde succombe.

C’est pourquoi il faut du temps, pour que se déroule le grand mystère ( du désir). Pour qu’il se déroule en nous.

Comme nous nous sommes trompés…Et comme nous le savons, nous nous détrompons, nous sommes de moins en moins dupes.

C’est une blague drôlement acide. Si tu sais que ta femme te trompe, elle ne te trompe plus. Si elle te trompe, est-ce parce que toi tu te trompes sur elle, ou sur toi ? C’est le jeu, n’est-ce pas, de jouer à cache cache, se perdre et se retrouver.

Hormis ces considérations, ces signes des temps, on voit bien que la terre est dans une position très délicate. Assez terrible si on y songe. C’est pourquoi ce n’est pas avec nos seules ressources, pensées, logiques, raisons, notre dimension humaine que nous allons trouver des éléments de réponse, et de dénouement.

Dans ces conditions là, ce serait une mauvaise fin.

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