L’homme est de la Terre

On est la proie de cette terre, on est son expression. Cela se lit dans tous ses actes teintés d’animal, de crocs, de venins, de sangs qui coulent, de férocités, des loups sur les visages. Hommes durs comme des pierres. Ayant au fond la bête sauvage qui l’anime. Et qui fonde des empires pour assouvir ses désirs et sa vengeance, ce refus de cet état de fauve emprisonné. Et qui parfois se calme ou s’adoucit légèrement quand il est subjugué par le tendre. Quand ses appétits de chairs sont assouvis. Mais la bête demeure, toujours prête à reprendre sa marche d’affamé. Cette volonté de posséder ses instruments de puissance, intraitable, sans penser à la mort et certain de son néant.
Malgré toutes ses affirmations il n’y a nulle part de Dieu qui l’anime, ni même de croyance réelle en cet « objet » dans sa pensée. Non, seule la bête règne en l’homme. Ou ce diabolisme qui l’agit à son insu. Il manque cette autre dimension, d’Éros bien compris. Non pas que nous ne le cherchions pas, ou essayions de nous appuyer dessus pour construire nos mondes, et nos cités, mais il s’agit de simulacres du divin, qui ne trompe personne. Et nous met en peine, comme si c’était dévoyé.
C’est pourquoi celui qui parle d’outre tombe n’est jamais bien reçu. Est-ce par orgueil que la parole venue des « cieux » est remise en question, refusée plutôt que crue, comme si nous ne voulions ne devoir à personne, et nous édifier nous-mêmes dans ce vaste univers, et ces forces surpuissantes qui l’animent.
Ainsi ces civilisations ne cessent de s’effondrer, disparaissent puis d’autres recommencent. Mais le Ciel semble toujours se dérober à notre regard. Et si par hasard surgit une étincelle dans cette nuit profonde existentielle nous en devenons facilement fou ou fanatique, avec cette volonté de persuader les autres de nos lumières, ce qui accroît les ténèbres et les pièges par le fait des puissances mises en jeu, par la séduction qui s’exerce, pompe et décorum. Trompettes.

Nous nous croyons sortis de cet enfer. Nous prenons cette existence comme la seule. Elle seule nous semble mesurable. Et le reste nous apparaît comme chimérique, hypothétique, lubie.
Est-ce que tout cela ne veut pas dire qu’au fond, nous sommes à côté de notre être réel ? Même si parfois il nous effleure ? Être réel, c’est le « Je suis » permanent. Un Sujet libéré de la Terre.
Et bien entendu, il en entraîne tous ceux qui le suivent. Mais cool n’est-ce pas ? Suivre, dans le sens de suivre une histoire. Sauf que cette histoire se trouve dans le futur, et en nous mêmes. C’est capital.
Je vois d’ici les regards étonnés de mes amis.
Juste dire que la dimension érotique, au sens de l’esprit, est peut-être mal prise ? Mal apprise, nous fait tourner les sangs, nous révolutionner.

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