Passer son temps

Le temps passe sans rien faire, on se retrouve à en parler, à lire et à boiter sans comprendre ce qui se passe, n’ayant plus comme perspective que la mort qui nous suit.
On la dessine croyant la tenir entre nos mains, elle nous brise les reins. Tout semble si vain. Si douloureux.
Ces amours qu’on nous arrache, ces faux frères, ces assassins de tous nos rêves, qui nous laissent gisant sur la grève, et se servent de nous pour assouvir je ne sais quelle vengeance, et fomenter des guerres contre nos âmes.
N’aurions-nous pas aimé comme il faut, accompli nos devoirs, conjugué nos mots à temps, et pris soin des siens ? Il n’y a plus rien de suffisant pour échapper à nous-mêmes dans cet ultime face à face, où le vide nous attend. Le vide atroce, l’absence, personne à tenir dans ses bras, et cajoler. Sentir son cœur palpiter comme une île et un espoir.
Tu voyais.
Tu as vu les océans, les vagues, le vent, les neiges, le soleil brûlant ta solitude, tu as franchi sans le savoir les limites interdites de ta mémoire défunte. Et tu constates le cynisme affligeant des tueurs qui t’envoient dans ton ciel sans l’ombre d’une pitié.
Est-ce pour cette unique raison qu’avant tout combat contre tes ennemis légitimes, tu dois mieux faire, mieux penser sans compter, sans calculer ta dépense. Là, sans doute, ni redoute, sans reculer tu retrouves ton corps conscient. Et fort.
Le fleuve des mots a cette vocation là, les images, les formes, les sons, les poèmes et les monuments érigés te ressemblent, ce sont comme des habits dans lesquels tu te glisses. Comme les masques des sorciers qui effectuent leur danse rituelle, comme le dragon secret, où la foule s’effraie.
Elle réalise à quelle puissance ils ont affaire.

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