Incomplétude

Si tous ces qualificatifs, qualités ou attributs d’ « ordre » divin existent, si ce ne sont pas des illusions, des chimères, des forces vides ou vaines, elles sont inscrites quelque part en ceux qui peuvent les recevoir, les mettre en pratique, agir selon cela. Autrement dit il s’agit d’un Chemin possible vers quelque chose de meilleur. Dans ce sens Dieu n’agit pas à notre place, c’est nous qui nous rendons à la nôtre. Dieu ou ses anges ne peuvent rien pour nous si nous ne leur demandons pas, encore moins si nous leur tournons le dos, restant sourds ou obstinés, enfermés dans ce que nous prenons pour nos vérités, perdant la vie.
Il ne suffit pas de le dire, il faut que ce soit vécu, éprouvé, si nous voulons ne plus être tétanisés et impuissants. Livrés aux hasards, dans un monde qui tend vers le chaos et nous emporte. Nous retombons dans l’inconscience, le mortel, pris et précipité dans le temps, non-libres, ayant tout oublié. Nous serions comme des naufragés. Nous verrions tout se corrompre autour de nous, dans un monde sans foi ni loi, et également des pouvoirs violents terribles se mettant à l’œuvre, réactionnaires.
Entre un Dieu manifestement absent de ce monde, ou pour le moins qui semble se taire, et des diables omniprésents dictant leurs règles et leurs sanctions, quelle serait la part qui nous reste ? Sachant qu’on ne peut pas lutter contre le Diable, nous serions vaincus d’avance, avec notre faible humanité.
Je dois encore rectifier mes propos, et me contredire. Dieu et Diable sont le même, sur des faces différentes. Mais nous, selon nos réponses et nos actes, recevons la part de dieu ou du diable. Cela nous sert de leçon. Pour la simple raison que ce qui est en jeu, n’est ni plus ni moins que Nous.

Ceci est toujours à moitié vrai, incomplet. Dieu est présent aussi, et plus qu’on ne pense.
Comme le soleil est présent sur terre avec ses rayons qui nous pénètrent. Présent aussi dans les signes envoyés et adaptés à chacun, signes chargés de sens, et jamais équivoques. Se servant de tous les matériaux à sa disposition pour émettre ses ondes. Et alors, là il y a risque d’ambiguïté si ce sont des ondes nocives et mortelles radioactives, ça nous sert de leçon douloureuse.
On ne peut échapper à la face noire que par la blanche. On peut perdre la vie, mais on ne perd pas son âme.

Admettons que nous soyons bons. Si c’est ainsi, le bon se transmet de proche en proche et, utile dans le monde, il devient meilleur. Comme une bonne onde se propage aussi bien que les mauvaises. Et touche l’Âme du monde.

Imaginez ce qui se passe dès lors que nous nous déchirons et hostiles, crispés sur nos Dieux respectifs, comme des vérités que nous refusons aux autres et que nous voulons imposer aux autres, comme vérité unique, commettons toutes sortes de crimes en son nom, cela déchire, ou scinde quoi en vérité ? Tout ce qui vit sur terre en est profondément affecté, nous affectant.

C’est une sorte de descente en enfer, mais non choisie, comme celle d’un sauveur ou des sauveurs venant ici par amour des humains.
L’œuvre d’un sauveur, christique, est tout de même à prendre en considération. Plus que sa souffrance, sa passion, sa mort, et sa résurrection. Mais nous ne savons plus rien des temps passés, et des prophéties devenus comme des légendes, belles et tout de même émouvantes.

Alors ? Qu’est-ce qui se passe actuellement ? N’y aurait-il plus rien du Réel Christique parmi nous, plus que cette part négative nous conduisant à notre perte ? Comme si nous étions livrés à un démon voulant tout anéantir, et lui même avec nous.

Alors, ange ou démon, comme être ou ne pas être, selon la formule de Shakespeare ?

La tentation du néant est terriblement puissante. Savoir que nous allons être encore et encore, nous impose des devoirs, et des peines, et tellement de choses à accomplir, comme ce cheminement des hommes vers la montagne, c’est – apparemment – encore plus terrible que cet abandon de l’être, et de la volonté. Mais au bout du bout, il y a ce néant comme un horizon que vous pouvez contempler, ce grand Mystère, et vous y êtes, libres et lumineux, reposés vivants, acteurs joyeux. Cela me semble mieux que de tendre vers un néant horrible qui nous écrase de souffrances et d’angoisses pour s’y rendre, comme une compression, une réduction de ce que nous sommes.
Cette ablation de notre âme dans l’âme du monde c’est comme une mutilation en notre corps, inguérissable, infernale sans les soins appropriés.

Voilà face à quoi nous sommes, dans ces temps apocalyptiques. Il faut y passer pour comprendre l’enjeu. Ce n’est pas anodin, relatif.
Et si je pousse plus loin ce discours, tout cela est écrit et peint, tout est taillé dans les pierres et monuments, dans ces archéologies, et dans la nature qui nous parle, dans les chants, bref, partout. Il suffit de voir.

0

1 réflexion sur « Incomplétude »

  1. Bravo Eric,
    J’aime bien te lire
    pas certaine de toujours tout comprendre, mais je pense saisir l’esquisse
    j’aime beaucoup la conclusion et si je pousse plus loin ce discours etc …il suffit de voir , le non aveuglement, la posture ouverte et en éveil

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *