La Science et moi

S’il fallait se fier à la science pour savoir, on n’en sortirait pas. Son objet ne nous délivre pas de sens. Elle arrive à des conclusions absurdes malgré tous ses efforts et toutes ses vérités qui restent relatives à cette existence prise dans son temps et son espace. Même si elle donne à penser, il lui manque le « moi ». Le sujet principal, le sujet central. À ce compte des vérités scientifiques émises couramment, la mort n’a pas d’importance, elle ne contient nulle existence si le moi n’existe pas, s’il ne fait partie que d’un flux, d’un mouvement et résulte des énergies et des forces du cosmos. Nous ne serions qu’un objet accidentel ayant vocation à nous maintenir tant bien que mal dans ces champs présents. D’où nous venons, où nous allons ne seraient des illusions, des chimères liées à nos perturbateurs endocriniens, ou à nos hormones, dans un cerveau détraqué. S’il est vraisemblable que nous soyons fêlés, sujets à tout ce qui s’engouffre dans la faille de nos faiblesses et de nos maux, c’est parce que nous pensons. Nous sommes victimes de ce que nous pensons, et ignorons. Mais nous sommes également pensés, traversés de pensées, ayant leur nécessité et leur objet, ayant le sens de nous ouvrir ou de nous enfermer.
Nous avons à opérer des choix dans nos pensées. Dans ce sens précis nous pouvons dire « Je » sans outrepasser nos droits, même en commettant des erreurs, nous rencontrons des vérités. Tout tient à la façon de prendre ou de refuser la vérité et la vie qui y est incluse. Nous ne sommes pas des bouchons périssables sur un océan d’incertitudes.
Notre temps d’existence nous semble bref une fois qu’il arrive vers sa fin. C’est pour cela qu’il ne faut pas perdre son temps à des choses idiotes, des actions nuisibles. Faire mal nous fait perdre notre vie. La tentation du mal est forte. Il peut y avoir une jouissance dans la souffrance infligée, même celle qu’on s’inflige, et qui nous donne cette impression d’exister.
Tout cela relève du bas. Par défaut du haut. Ces hauteurs qui nous paraissent inaccessibles, improbables et tellement éthérées, que nous semblons nous y dissoudre et disparaître.
Paradoxalement les hauteurs nous font souffrir, la grande merveille des choses, le sublime est douloureux s’il n’est pas mis en commun, s’il reste enfermé dans le « moi ». Mais dans ce cas précis, il y a toujours ce moi qui seul sait en quoi il consiste, comme en écho de sa propre voix, de son amour, ou de son don. De cette réflexion, il en ressort l’idée que le collectif fait très mal, s’il ne tient pas compte des voix singulières ayant des lumières, s’il y a formatage et oppression du collectif pour imposer son ordre à tous, sur la base du mensonge, des vérités bafouées.
Entre des cimes fragiles en notre esprit et des gouffres tenaces dans nos frayeurs, nous sommes quelque peu écartelés. Cela rend l’humanité folle.
Raisonnablement : toutes les formes d’existence qui nous précèdent ne savent pas, ne cherchent pas à savoir le pourquoi de leur existence et des autres existences. Elles sont dedans, elle vivent étant pleinement dans la vie qui se poursuit, et qu’elles poursuivent. Nous, nous en avons perdu les traces. Nous avons à chercher si nous voulons vivre, et ces traces sont d’un autre ordre que celui qui est apparent. Nous sommes certes, matière, mais matière qui cherche en elle-même l’essence, l’origine et la fin. Comme si nous avait été imputé des devoirs, des impératifs, des obligations du fait d’être homme, se tenir au sommet, à côté des hiérarchies. Ce qui fait que se tenir à ce sommet ne tient que dans le fait de se tenir dans les profondeurs, et en assumer pleinement les effets.
Coton, cet arbre de Vie.
De l’un et du multiple. S’il y a moi, il y a toi et tous les autres. s’il n’y a pas de moi, et qu’il est illusoire, il n’y a rien ni personne. Dans ce cas tout est vain, bien comme mal, vie comme mort.
Le Moi est multiple par les autres. Ou multiplié par eux. Et réciproquement. Nous faisons croître les autres, ou non.
Dans le sens où la science est bonne, elle nous fait grandir et évoluer. Sinon, elle nous mine.

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