Et la guerre

Ici nous avons eu la chance de ne pas avoir vécu de guerre. À proprement dit ces destructions et ces morts, nous touchant dans nos chairs, nos proches et nos demeures, impliquant un vainqueur et un vaincu. Malheur aux vaincus, dit-on. C’est tout à fait ça, le résultat des guerres. Le vaincu se plie à la loi du vainqueur, en devient l’esclave. Ou selon une appréciation plus moderne, il est dominé. Celui qui affichait sa splendeur est déchu dans sa défaite. Nous traînons ce boulet de l’humiliation, de la honte, de la fierté bafouée comme nos pauvretés et infériorités, en appelant la revanche, ou la vengeance dans la répétition guerrière.
Pourquoi a -t-on jeté la première pierre ? Parce qu’on nous aurait pris notre terre, nos femmes, volé nos maisons, injurié nos pensées, brisé nos adorations, nous privant de vivre selon notre voie ? Selon ce que nous pensions être notre propriété, au sens qualitatif autant que quantitatif.
Souiller ce que nous avions en propre. Erreurs et ignorance incluses, défauts, tares et tout ce que nous véhiculons depuis des siècles dans nos gènes, et nos mémoires. Cultures et savoir faire, tout cela disparaissant dans les conflits qui avalent les vaincus. Et à l’issue desquels autre chose naît.
Quel homme nouveau va pouvoir renaître sur terre dans une conflagration ultime ? Parce que, a priori nous ne connaissons que le vieil homme, et qu’il nous fait horreur avec son passif. Horreurs partagées d’un peuple à l’autre, humains marqués du sceau de leurs infamies, c’est à dire des souffrances qu’ils infligèrent, de tous temps et en tous lieux. C’est peu de dire que l’homme a mauvais cœur. Ça a été dit et écrit. Mais ce n’est pas le dernier mot, la sentence définitive.
La guerre nous oblige à choisir son camp. Rester neutre et pacifique ne semble pas autorisé. Toute condamnation des exactions et atrocités des uns ou des autres est déjà se situer dans un camp. Cf cette histoire de la chanteuse ukrainienne mariée à un russe, sommée de condamner l’agression russe publiquement et qui de ce fait est bannie de Russie. Ou alors elle aurait dû renoncer à chanter aux Usa.
La parole publique nous engage. Mais plus profondément la parole tout court également. De même que la moindre de nos pensée, et de nos sentiments. Ce qui implique une certaine retenue dans nos affirmations. Sauf si nous nous sentons engagés dans une voie qui s’impose d’elle-même et ne nous laisse aucun choix.
Et avec cette idée que l’opinion commune ne pèse pas face à cela, cette dictée d’ordre transcendantal que chacun est apte à recevoir, et à transmettre en essayant – au mieux – de ne pas trop se tromper. Et au pire de corriger ses erreurs.
Vous savez, ce qui est remarquable c’est ce foisonnement de tous les talents, et le signe contenu dans toutes les œuvres. De quoi nourrir l’Esprit. Et d’y évoluer.
Il ne suffit pas de travailler ou d’enfanter. Le travail rend libre, certes, dans une certaine mesure. Et enfanter ? Quand même, on ne fait pas des enfants pour qu’ils deviennent des soldats et aillent dans les tranchées, tuer les autres ou s’y faire tuer.
On fait des enfants en principe parce qu’ils rapportent des lumières venues des « Cieux ». Ces lumières qui nous manquent.
Époque terrible que celle où on tue les enfants. Et si on fait des enfants sous la pression des états, des églises et des familles, des raisons économiques ?

Petites histoires qui firent cette prétendue grande.

Les bretons vaincus par la France devinrent des français convaincus. Se livrant à la vengeance, s’enrôlant dans les armes. Grimpant dans la hiérarchie et s’enrichissant. Reprenant du poil de la bête, puis assujettissant à son tour les plus faibles, les dominés, conquérant. Reproduisant les mêmes choses qu’il a subi.
Les gens vaincus par Rome portent le glaive de Rome ? Le glaive, cette épée, à la fois celle de la foi et celle du fer ou du feu.
Et puis d’autres causes qui engendrent ces guerres et ces soifs de conquêtes. Comme des transgressions immorales et injustes. Les russes qui furent rackettés par la horde d’or et se soulevèrent pour ne plus subir ce pillage, avec la suite expansionniste que l’on connaît. Et pillant à leur tour pour fonder leur puissance. Que dire des américains ? Ces pionniers pauvres qui désormais dominent le monde aussi violemment. Et imposent l’idée qu’ils sont démocrates. Certes, vous êtes libres de devenir riches et puissants, à condition d’aimer beaucoup l’argent et d’y consacrer tous vos efforts. Comme les protestants, pour qui l’argent est un « don » de Dieu.
Cet or qui arrive parce qu’on a fait la guerre, et qu’il y eut du pillage. Comme les couronnes anglaises, françaises, portugaises, ou espagnoles se livraient à des pillages systématiques des cargaisons ennemies. Vulgaires bandits et criminels.

0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *