À quoi sert la puissance ?

À quoi sert la puissance si celle-ci détruit Homme et Nature, si la terre meurt et qu’il ne resterait rien que des amas de roches calcinées ou vitrifiées ? Où irions-nous renaître ? Dans quel corps pourrions-nous revivre si nous sommes égarés dans ces univers sans connaissance de ce que nous sommes.
S’il s’agit d’une connaissance de soi-même, de conscience de soi, elle implique également une conscience plus grande, dépassant le cadre étroit de cette existence, de la nôtre exclusive et enfermée dans un je ignorant, borné à son entendement.
La puissance nous montre à quel point nous sommes si peu sans cette totalité des êtres, des autres êtres, et simultanément si nous ne donnons pas vie à cette totalité, à laquelle nous appartenons.
Cette image de la puissance destructrice, de la destruction possible, nous indique cela, ce vers quoi nous devons nous rendre, si nous voulons être libres. Il ne s’agit nullement d’accroître notre puissance individuelle dans cette totalité, au détriment des autres existants. Il s’agit uniquement d’augmenter la conscience, l’amour et le sentiment de la présence, ce tout qui nous traverse, et qu’on retrouve partout. Cela a pour effet que nous nous retrouverions vivants partout où nous irions.
Dans ces conditions, et cette volonté accomplie, Adam – mâle et femelle – ne « mourrait » pas. Adam retrouverait Eve, cette dimension lumineuse oubliée et délaissée. Il n’y a pas d’autres transcendance à chercher, à intérioriser, intégrer dans notre psyché maladive, pour que nous nous relevions, et soyons transfigurés.
En sens inverse, négatif, dans cette chute qui n’en finit pas, dans ces cauchemars et descentes en enfer, sombrant dans l’inconscience, l’abrutissement, la corruption, la perversion, la malignité, l’avidité jamais satisfaite, ce que nous faisons accroît cette puissance de destruction. Bref, la puissance telle que nous la prenons n’est que destructrice. La souffrance est là pour nous le rappeler. Pour que nous renversions en nous ce quelque chose d’indicible, et avec lequel nous sommes seuls dans ce face à face.
« Tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face. »

C’est clair, tu es ton dieu quelque part. Évidemment c’est un dieu ouvert à tous les autres êtres vivants, ainsi les dieux se reconnaissant forment le Dieu unique. Et si nous ne prenons pas le Chemin vers ce Dieu ensemble, Dieu ne peut plus grand-chose pour nous, nous nous retrouvons à nous faire mal.

Le futur de la terre est vaste. La terre a beaucoup de temps devant elle, non pour dilapider ses ressources, mais pour vivre patiemment, humblement, à son rythme, selon sa beauté et ses humeurs, selon les désirs qui nous animent et nous enflamment, les énigmes qui se présentent, les talents qui fleurissent et se transmettent. C’est comme une fresque d’ombre et de lumière, de noirs et de blancs, de toutes les couleurs, les nuances et les tons, une fresque qui évolue, et non qui régresse ou s’involue, s’épaissit, s’enlaidit s’enfermant dans ses plis.

Entre parenthèses : l’homme mâle est comme une cornemuse, une peau boursouflée d’air et d’orgueil, un instrument entre des mains habiles et virtuoses, une muse en somme qui joue sa partition. Mais sait-elle laquelle elle joue ? Et lui, croit-il qu’il joue la sienne, ou a-t’il des cornes ? Les cornes s’entendent au sens de se tromper de voie, au sens aussi de corne de brumes, ou de cor dans les bois, ou des trompettes d’une sorte de jugement dernier.
Ce n’est pas anodin ce cri, cette alarme. Maintenant vous savez.


LE CRI DE GAZA oeuvre réalisée par l’artiste tunisien Omar Esstar

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