Entre deux

Bachelard pensait le temps de notre existence pris entre deux néants. Si on y pense, c’est absurde. Et surtout faux. À la limite, examinant la nature du temps, le présent réel s’anéantit de lui-même dans son instant infime sans conscience, comme une étincelle qui est partie à peine arrivée.
On ne peut pas réduire l’existence à cette étroitesse de notre existence séparée de la totalité, de même la terre séparée de l’univers, le corps sans esprit, dans la matière exclusivement.
À un autre niveau, ce serait comme l’homme séparé de la femme, une terre stérile, qui n’a jamais existé. On n’a connu que le monde doté d’hommes et de femmes. Comme deux mondes distincts ayant du mal à communiquer, à s’entendre. Deux corps différents, deux psychés et deux langages différents reflétant leur singularité, en quête d’unité ou d’union, par la pénétration dans l’autre, ou d’être pénétré par l’autre, en quête de fusion dans leur être intime. Union dont on sait la vanité, ou l’impasse si cela se limite à la copulation. Mais si nous prenons comme lieu d’union possible le lieu de l’esprit, cela réduit le corps à n’être rien qu’éphémère inutile. Corps et esprit restent séparés et impuissants. Les existences succombant dans la mièvrerie ou dans la violence.
Nous aurions échoué dans nos vies. Malgré les philosophes qui nous ont délivré des beaux tableaux, ou les peintres des bonnes pensées par leurs toiles.
Il y a toujours des moments critiques, des passages délicats dans toutes les traversées, des points de bascule dont l’issue incertaine nous effraie. Et qui font un nombre considérable de victimes sacrifiées. Évidemment, tout ceci est atroce, rien ne peut justifier toutes ces choses là. On sait que l’histoire est faite de ces montagnes de morts. S’il y eut aussi de la vie et de la joie elle passe inaperçue, excepté en ceux qui vécurent et vivent encore.
Qu’est-ce qui décide donc de la vie ou de la mort ? Qui nous montre ce qu’il y a au bout de la souffrance ? Quelle délivrance une fois passés. (une fois délivrés, qu’y a-t-il ?)
Nous ne sommes pas uniquement corps ou uniquement esprit. C’est une combinaison des deux, comme le temps et l’espace. Dire qu’ils n’ont pas d’existence, comme dire qu’ils n’existent que l’un par l’autre, c’est peut-être un abus de langage. Ou décisif comme le langage ? Ce qu’on dit serait décisif.
L’esprit seul ne peut agir sur le corps, le corps seul non plus sur l’esprit, il y a ce troisième terme qui fait la jonction, qui fait qu’ en nous cela s’épouse ou non. S’épousant cela devient vivant. Sinon c’est mortel.
On pourrait faire cette analogie avec le féminin et le masculin, cette combinaison génétique et psychique. Mais ce mélange est mal fait ou dévoyé, s’il y a des intrusions et des modifications anormales.
Inversement.

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