Poussière d’étoiles

Il y a autant d’hommes que d’étoiles. Ça fait un ciel constellé d’humanités diverses. Et tout cela se tient.
Ne peut-on penser qu’à partir de notre existence terrienne en quoi consiste notre existence dépassant le cadre étroit, franchissant toutes les limites où nous sommes encore ? Sans s’égarer, ou faire naufrage. Il nous faut garder raison. Mais la raison n’appartient pas à un seul.
Elle est relative à l’assemblée. En cet esprit là, il n’y a qu’une seule religion, c’est celle qui nous rassemble. Même s’il y a plusieurs assemblées, plusieurs écoles, moyens ou méthodes, langages pour s’assembler. La contradiction n’est pas pour diviser, disperser les hommes ou les égarer, en principe. Ce qui nous trompe relève d’autre chose. Comme des murs sectaires. Plus personne n’entend. Dans ce monde sourd, se déroulent toutes sortes de tragédies et de violences. Toutes ces violences s’exercent les unes contre les autres en assemblées guerrières, mortifères. Signe d’un échec comme une humanité échouée.
Des religions qui divisent au lieu d’assembler. Des religieux qui voulurent des pouvoirs au lieu d’en donner, de même que des empires puissants se formèrent, réduisant les hommes à l’impuissance.
Mais il y eut « en » certains d’entre nous, comme par enchantement, des états supérieurs, des états de Bouddha ou de Christ, des états de pensée prophétique. Ceci, plus souvent qu’on ne pense.
Venant, revenant.
Mais non pour fonder une religion, un système doctrinaire, scientifique, ou de raison pure, exclusive. Mais nous sortir de ces empires et de leurs pesantes chaînes. Quand ce fut trop pesant.
Et, sans doute, probablement, pour poser quelque première pierre d’un édifice où nous nous retrouvons, où nous nous édifions après ces déconstructions, ces pensées décomposées où il ne nous reste rien. Comme si le monde tombait en déliquescence et dispersion. Au lieu de se voir comme autant d’étoiles.

*

Rome est exemplaire. Ou disons, cet Occident où nous nous tenons. Et qui ne comprend pas trop bien l’Orient. Peut-être qu’il ne se comprend pas lui-même dans sa vocation ? Et n’a pas entendu ou respecté les enseignements. Rejeté la pierre d’angle.
Ou prenant cette pierre comme de la silice, du grès ou du granite pour dresser des forteresses, des temples ou des pyramides, des tombeaux.
Cette pierre, ces Pierre, c’est rigoureusement nous pétrifiés.
Pierre pétrifié. Tétanisé d’effroi face à ce serpent. (entre autres). Dans cet état paralysé, que pouvait Pierre ? ( je parle d’un Simon fictif, imaginé )
Il pouvait, malgré tout, parler. Émettre quelques signaux à ses proches, mobiles et rêveurs, pour lui-même d’abord, pour se sentir encore en vie, pour se tenir debout et ne pas succomber. Vous connaissez les testaments. Pierre terrassé rassi. Il se rassoit, comme on demande à celui à qui on apprend une nouvelle terrible, pour qu’il ne tombe pas. Cela lui tombe sur les épaules. Il n’aurait eu qu’à chercher des soutiens, en éclairant les hommes de proches en proches, ce qui évidemment nous pétrifie tous et nous sidère, mais dans cette sidération collective le poids s’allège.

Pourquoi donc tout a déraillé ? Par quel élément incongru ?
Je songe à Paul et d’autres épaules de bonne foi, voulant accélérer le processus, l’amplifier et construire un appareil ayant de la force et des pouvoirs, de même que des écrits, lui qui venait du Livre et des Tables de la loi. On sait que les textes furent tardifs.
Alors que Jésus s’effaçait sur le sable. Là où nous nous retrouvons en poussières.
Paul a beaucoup composé avec l’empire romain, selon ce qu’on apprend dans le dictionnaire. Tandis que Pierre n’a pas fait d’histoire, mais a donné des éléments intelligibles assez miraculeux. On en a fait des contes, des évangiles, de l’irrationnel. Comme si c’était possible de rationaliser l’irrationnel, et que cet irrationnel puisse rester irrationnel dans ces logiques. Non, il se perd, se dégrade, et se fige dans des pierres, des marbres, des images et des temps en suspens.
On passe à côté. On en perd l’esprit censé être rendu. Cet esprit qui devait nous rassembler, sans que rien ne fut forcé. Mais s’imposer à nous sous le simple, l’évidence, et le joyeux, comme les nains.
Vous savez bien que les religions telles qu’elles sont, sont des outils politiques. Avec un léger accent spirituel pour faire bonne figure. Mais nous en perdons de vue l’essentiel, qui ne vit plus en nous, pire, qui nous mine par son absence. Et quand il y a présence, ce grand fantôme nous effraie.
Disons que nous le prenons comme un fantôme ou un spectre, ce qu’il « n’est pas ».
En résumé, le politique a pris les pas sur le spirituel, la volonté de rendre tangible l’intangible ou l’insaisissable vivant.

Et ici ce texte est bien trop pesant.

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