Mériter

Celui qui aime a du mérite. Il ne doit son amour qu’à l’Amour, et le rend à celui qui en manque. Que vaut un amour qu’on garderait pour soi ? Être aimé et ne pas aimer en retour, interrompre la chaîne ou le flux, faire semblant d’aimer et calculer les bénéfices, revient à s’enfermer avec sa mort dans la négation de l’Amour universel.

Quand le monde est fermé, celui qui aime a du mérite. Il sait qu’il ne sera pas aimé en retour, et même, devra subir la noirceur et la mort des hommes rendus à ces points extrêmes sans amour des mondes indifférents, des cercles clos. De cette haine qui apparaît dès lors qu’on réveille les morts, confrontés à l’obligation de vivre et d’accepter l’amour et le processus de la conscience conjointe.

L’amour est un miroir qui nous montre tel que nous sommes dans cette pauvreté. Et si nous sommes riches, ce n’est que d’avoir pris l’amour, de l’avoir fait vivre, et de semer. Il ne se perd pas dès lors qu’on le rend.

Il n’est pas faux de dire que l’amour est « matière ». Énergie au cœur de la matière visible, énergie créatrice d’harmonie. Et de résurrection des morts.
Si la terre vit encore, c’est par ceux qui firent vivre cet amour, et la lumière qu’il contient, qui fut diffusé parmi les hommes et rendu à la terre. Par la pensée, sans arrière pensée mauvaise, par les mots doux et les mots justes, par les actes bons et les actes courageux.

L’amour renaît par les vivants, et non par les morts.
Quand on meurt on rejoint son amour, l’amour qu’on a donné. Celui qui a donné de la mort, quelle vie l’attend, s’il ne se reprend pas, s’il ne fait nul effort pour se racheter. Dans cette idée là, nous avons tous nos parts faibles à racheter, nos défauts, nos lâchetés, nos masques, nos mesquines pensées, jalousies, envies, nos vices cachés. Sinon ne serions pas humains. Et nous serions ailleurs que sur cette terre.

Ici pour ce rachat de nos âmes perdues, il n’y a que ces miracles-ci : Un envoyé, ou dix mille possibles par qui passe l’amour et ses lumières, devant supporter ce monde mourant et le renverser avant qu’il ne meure et s’entre tue.

Vous me demanderez pourquoi sommes-nous sur terre si c’est pour la quitter un jour ? Sans doute faut-il songer à tout ce que nous avons appris au cours de cette existence, ce qui nous a transformé intimement. Cette vie intérieure ou cette mort intérieure qui nous habitait et que nous habitions, ce réel fantomatique comme informatique.
C’est pour cette raison que la barque est pleine. Suffisamment. Par conséquent, qu’il est inutile de jeter par dessus bord les hommes. Ou de croître encore plus.

Il est « utile » de passer de la mort à la vie. Sens de la Pâques. Et raison de sa fête.

Hier, en voiture je m’arrêtais pour ramasser un bidon tombé de ma remorque ( peu importe les circonstances) et vit une mésange morte sur le bas côté de la route. Que de cadavres laissons nous et que de déchets, avec nos œuvres qui se disent nécessaires.
Les œuvres de mort, non il ne faut pas.
De Noël comme une semence, à Pâques comme l’éclosion d’un œuf, tout cela est censé être vivant.
Toujours trop de mots. Jamais trop de mésanges.

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