Les châteaux forts

Les peuples demandent toujours de pouvoir se tenir à l’abri des châteaux forts, protégés par des murs, des armées, dans un simulacre de paix afin de jouir tranquillement des fruits de leurs activités, sans se poser de questions sur le bien fondé de leurs consommations, de leurs possessions, des provenances extérieures et des conditions dans laquelle ces biens se trouvent dans leurs assiettes et dans leurs maisons. Les états se gardent bien d’informer les citoyens des provenances de tout ce dont ils disposent, et de ce fait le monde a bonne conscience, mais par ignorance des effets sur les milieux naturels, sur les conditions de travail. Les illusions quant à la nécessité de ces besoins fabriqués de toutes pièces étant soigneusement cultivées dans les publicités, comme signes de progrès, de bonheur, de vie brillante et honnêtement prospère. Tous ces flux mondiaux de produits achèvent la nature. Et sont causes de conflits entre ces châteaux forts, devenus des blocs monstrueux. Légitimés par des pseudos morales, des textes fondateurs érigés en sacré.
Et nous, qu’avons nous à opposer à tout cela ? En vue de quel futur différent à envisager ? Il y en a eu des sages, des inspirés, des grands hommes, pour indiquer des voies différentes, et malgré cela les états et les masses sont toujours retombés dans les mêmes travers, les mêmes défauts, ces tensions actuelles identiques à celle du passé.
Ce ne sont pas les états qui doivent être forts, mais les gens dans leurs sentiments, dans leur volonté de vivre et de soutenir la vie, dans cette dimension de lucidité, de pouvoirs liés à leurs corps. Bref, que nous redevenions plus vivants, de même plus proches des forces vivantes qui sont en nous-mêmes, et sont sources de libération. Ces libérations ne proviennent pas de la mise en place de systèmes, par définition systématiques, produisant des robots sans discernement, et par conséquent esclaves des systèmes, comme des objets morts. Dans cette « mort » s’immisce des facteurs pernicieux nous forçant à des choix douloureux si nous voulons en sortir. Comme pour briser des chaînes. Ou comme on se réveille d’un long cauchemar. Ce processus est similaire à celui d’un messager quelconque dont on institue ensuite les textes, les idées et la biographie en religions, en système de pensée qui devient sectaire et fermé, figé dans ses écritures.
Ce qui est affligeant, c’est de voir le génie humain, le génie qui habite l’humain, produire autant de souffrances. Et là on se demande pourquoi.

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