Le pire

C’est un spectacle désolant, et sans joie. Des hommes se tuent, se haïssent, font n’importe quoi. La rupture est consommée entre ceux qui se disent chrétiens, défenseurs des valeurs de l’occident, qui ont étés conditionnés dans ce sens là, obéissant à leurs pères et leurs mères, soutenant cette orthodoxie catholique, et sont arrivés à ces convictions parce que l’appareil les a convaincu qu’ils se tiennent dans la vérité, et ceux des camps opposés procédant de la même façon, qu’ils soient athées ou d’une autre religion. Ce qu’il y a de commun entre eux est cette haine, plus ou moins prononcée. C’est quelque chose de profondément toxique, chargé de toutes les férocités possibles, de vengeances atroces, de bain de sang en perspectives, et de souffrances. Il n’est plus question de joutes verbales qui nous donnent à penser, et envisager une construction sociale sur de la diversité. Il s’agit d’éliminer l’autre, aussi bien dans son passé que son futur, comme si tout était consommé et qu’il n’y avait plus rien à faire. L’autre est ennemi radical.
Tout cela au nom d’un jésus, d’un prophète ou d’un messie, d’un système de lois ou d’ un ensemble de morales paraissant incompatibles. Chaque nation ( ce mot qui fait horreur), chaque race ( mot encore plus horrible ) se retrouve enfermée dans sa généalogie, dans ses langues, ses représentations et cultures séparées, avec du dialogue impossible.
L’autre, aux yeux des uns et des autres n’a plus rien d’humain. C’est comme si le monde s’excommuniait réciproquement. Partant de ce constat négatif, la communication est forcément impossible, par ces hostilités à la base. Il n’en sort rien que des malheurs, par ces malédictions et anathèmes, même s’il ne sont pas exprimés de façon directe, parce que ce sont des jugements définitifs.
Nul n’est obligé d’adhérer à des opinions ou des croyances contraires aux siennes, nul non plus n’a à vouloir convertir l’autre à ses vues. Parce que ce serait bien présomptueux de vouloir dicter aux autres ce dont on est peu assuré et qui ne repose sur rien verbalement.
Le sens des mots est relatif. Parfois, il tourne à gauche, parfois à droite, et ne dit rien, s’il n’est pas incarné. On ne peut savoir qu’en fonction de ses fruits.
Les assemblées diverses sont chacune porteuses de leurs fruits. Ils peuvent être bons à l’intérieur de leurs ensembles et poisons pour les autres. Rien ne va plus quand cela déborde de l’un sur l’autre, avec des intentions troubles et des méconnaissances.
Je ne me leurre pas non plus sur l’ignoble déséquilibre qui affecte tout, et suscite révoltes, violences de même que tous ces crimes.
Si on y pense, c’est toute notre humanité qui est en question. Avec des effets assez terribles sur ces humanités hors de la terre.
Certains purent dire à juste titre que ce sont nos morts qui perturbent le cours normalement paisible de la vie des vivants. Comme si nous n’avions pas sur digérer nos morts, ceux qui sont précisément hors de la terre.
Il s’agit donc ici des questions liées à notre résurrection, de même à notre destin outre tombe. Parce que rien n’est joué. Dans un sens ou dans un autre.
Rien ne joue dans la mort. Voilà le pire.

0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *