Solitude

Se sentir seul est une chose, vivre seul est autre chose. Cette dernière est mortelle dans le sens où ce qu’on fait, ce qu’on dit ou crée, n’est pour rien ou pour personne, qu’il n’y a personne pour recevoir ce que nous sommes. Ce qui fait que nous ne sommes plus rien dans ce que nous sommes. C’est l’existence abandonnée. Évidemment le malheur nous guette à ce moment là. Celui qui sait peut encore trouver dans les instances les plus hautes sa consolation, et son salut, à condition de savoir où les trouver, comment s’y recueillir, et s’y fondre.

Je me demande s’il existe quelqu’un pouvant agir absolument pour lui-même, stricto sensu, dans une espèce d’égoïsme forcené. Et s’il existe ce genre d’être, il doit être très déchu. Comme implosé en lui, sous la pression d’un amour insupportable. Faut-il voir que l’amour est une force qui pèse sur notre âme de toutes ses forces pour que nous trouvions en nous cette force d’aimer, et de diffuser cet amour. Et ce que cet amour contient, comme violence retenue. Ceci peut vous sembler limite. C’est pourtant comme le feu solaire.

Cela donne tout le sens, à toute chose et à tout acte. Même le pire.

Comment discerner ? Les hommes font des guerres par amour, ce qui a première vue semble uniquement rempli de haine. Alors qu’ils se battent pour l’amour de ceux de leur camp, ou de leurs clans, tribus, familles, patries, pour leurs mémoires. Même si c’est atroce. Et même si cela ne rachète rien. C’est comme si un sursis était accordé, ou qu’ils puissent trouver encore un espoir. Celui qui n’a plus aucun ressort pour lutter, qui n’a plus que la misère existentielle face à lui, livré à la déchéance, est comme fantôme errant dans ces univers devenus vides à ses yeux.

Bon, tout cela ne résout rien, dans ces violences exprimées dans ces folies collectives et ces vengeances, ou dans les discours sans lumière. Aimer ses ennemis, cela n’est pas pour rien. Cela indique le sens de l’amour vivant. Au contraire de l’amour qui tue.

Face à cela chaque homme est seul. Et opère son choix. Encore faut-il qu’il puisse exprimer cet amour. Et que l’amour ne devienne pas la haine de l’autre.

Quand l’autre est mort on se trouve seul anéanti.

Celui ne tue pas, qui ne comment aucun mal excessif dans le monde et dans l’esprit, qui aime dans son cœur, quel ennemi peut-il avoir ?

Il me semble que face à lui reste le néant.

Mais tout ceci est très faible dans les mots. Cela devient vrai et effectif dès lors que c’est vécu, incarné. Cela se diffuse en vérité.

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