Le philtre

On ne peut échapper à son avenir. Il faudra s’y rendre et ne pas sombrer dans la folie, tomber à cause des déséquilibres du mouvement, qui font que tout est vivant. Nous avons en premier lieu le devoir de reprendre en nous cette vie, et ne pas nous laisser submerger par ce qui nous ronge ou nous mine. C’est en vertu de cela qu’il faut savoir, non ce que la science officielle ou savante nous dicte de penser ou de croire, en fonction de ses représentations relatives à un moment de la raison, de la logique, de ces constructions mathématiques, aussi exactes soient-elles dans l’ordre de leur édification, pour le motif simple que – sauf preuve du contraire – le réel absolu de notre âme ou de notre psychisme ne tient pas dans ces formules. Et qu’il y a autant de réels qu’il y a d’êtres pensants. C’est bien l’assemblage qui fonde le réel.
Concernant spécialement notre humanité, on sait qu’il s’agit d’une profondeur abyssale dans toutes nos entreprises, nos champs expérimentaux, visibles par nos arts, reflet de tout le potentiel inclus en nous. Ceci peut nous faire tourner la tête tellement le domaine des productions artistiques est vaste. Nombre de génies en ont perdu la raison, et le sens de l’existence.
La question au demeurant tient à peu de choses. Nous savons qu’il y a cet au-delà et que nous voulons nous y rendre, parce qu’il est consubstantiel à ce que nous sommes ici, périssable ici. Et qu’il donne raison à ce que nous sommes, malgré cette solitude, et l’incompréhension générale des autres hommes, entre eux et avec le monde.

Tout est incompréhensible sauf quand nous abordons la rive heureuse de l’amour.
Ce Qui reste un mystère. Comme la présence de l’eau sur terre.
Est-elle le miroir ? Nous nous penchons pour voir. Nous nous y plongeons pour savoir en ses profondeurs, et là se révèle en quelque sorte ce futur qui nous appartient. Comme une fonction de cette éternité en soi.
Les poètes inspirés ont-ils chanté autre chose que ce philtre d’amour qui les envoûte, sa beauté. Âme divine.

Entre parenthèses, sans rapport avec ce qui précède : les monarchies, comme tous les règnes de ce monde, excessivement plongés dans les eaux noires ou glauques comme des égouts, obligent les autres hommes à édifier des monuments imputrescibles qui les enferment. Pourquoi ces tombeaux ? Il y a une ironie ou une méchanceté des dieux et des empires.

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