Reprenons ( laborieux)

Je reprends à propos de la séparation. Il ne s’agit pas d’une séparation arbitraire, d’une ligne de démarcation posée par caprice entre les hommes et la nature, les hommes et dieu, ou encore l’homme et la femme, le vivant et le mort, le haut et le bas, le temps et l’éternité.

Si le temps présent n’était pas séparé en lui-même entre passé et futur, la terre et la vie n’auraient nul besoin d’exister. Qu’elle existât ou non, cela revient au même. Que tu aies existé ou non, cela est sans importance, au regard de cet être non séparé, donc absolu, excluant le relatif insignifiant. Ces êtres relatifs éphémères peuvent dire ou faire ce qu’ils veulent, ils sont nuls en eux-mêmes face à l’être, qu’ils contiennent cependant. Et où ils se rendront quoiqu’ils fassent.
Mais dans ce cas, ils sont l’être, ils sont identiques à l’être qu’ils contiennent. On est, anonyme dans l’être, ceci indistinctement. Que se passe-t-il dans cette fusion radicale, essentielle, de la matière et de l’esprit ? Le grain de poussière est aussi puissant qu’un soleil. Il n’y a finalement que des infinis en poussières, et en mouvement venant du même et arrivant au même. Autant dire qu’il ne s’y passe rien. À la limite tout effort de la volonté, de l’amour ou de la pensée, de l’imaginaire ou du génie, se réduit à rien puisque tout est accompli depuis toujours, et qu’il suffit de ne rien penser par nous-mêmes pour nous y trouver. Il suffirait même de ne pas penser pour mieux nous inclure dans cette totalité de l’être. Et surtout de faire abstraction de ce que nous croyons être et éprouvons ici, qui ne peut être qu’illusion, totalement hors du réel.
Quoique nous fassions nous sommes dans le réel sans savoir tout ce que nous savons, toute la science qui est incluse en nous à notre insu.

Alors dans ces contradictions, autrement dit ces oppositions de langages et de logiques, il faut que s’opère une réduction de notre ignorance savante, ou de notre science ignorante d’elle-même. Que nous sachions ce que nous avons à savoir en conscience.
Or cela ? Est-il enseigné, transmis, donné ? Ou bien serions nous retenus dans l’ignorance et les images nous conditionnant depuis que nous sommes nés sur terre ? Dans une sorte d’immobilisme étonnant. Ou seul l’étonnement prend de l’importance au lieu de la vérité, rejetée.
C’est toujours très difficile d’être exact dans les mots, pour qu’ils disent ce qu’ils doivent dire. Qu’ils ne trahissent pas l’esprit et le signifiant.
Parce qu’il est une chose ayant de l’importance et passe incognito, dans un sens et dans l’autre sens. Tout cela pour que nous passions à notre tour de l’autre côté du miroir sans nous perdre. Quant à celui ou celle qui reste en deçà, se refuse à passer, et poser ses bagages pour effectuer le passage, que se passe-t-il pour ces êtres là ? Ce n’est pas uniquement une question d’énergies, ni d’adhésion à la lettre qui va décider à sa place. Il faudrait à la fois ces énergies et ces lettres, que nous puissions en saisir le sens et l’urgence. Ce que d’ailleurs firent ces grands parmi nous.

*

Le monde s’oppose en deux philosophies (ou plus). Celle de l’action et celle de la contemplation. On ne peut passer de l’autre côté si on reste en le contemplant, de même si on s’agite comme un forcené dans cette matérialité et ces mondes éphémères.
Alors, comme nous devons vivre et nous nourrir, avec également le besoin impérieux de parler et d’exprimer, certains d’entre nous de dominer ou de mener les autres et les autres de suivre de façon plus passive, cela a des effets relativement à la sphère des engagements, des implications, des choix, et de ce qui se produit. On s’étonne ensuite qu’il y ait des rois, des pharaons, des papes et des empereurs, qui ne tiennent guère compte des êtres « inférieurs » dépourvus d’êtres propres, n’ayant en eux aucun sacré, excepté celui qu’on leur a donné. Et qui bien entendu fait autorité… et les propulse.

Mais vers où ? Ça reste étrange.
Les autorités, prétendues telles, malgré tout ce dont elles disposent comme informations et données, s’en servent d’abord comme outil de domination avant de s’en servir pour eux-mêmes comme outil d’élévation, et comme nourritures. Ce qui rend le monde encore plus esclave et sans réponse possible.
Dans un sens assez affreux, tout cela. Et en plus convainquant ceux qui semblent en opposition, mais sont séduits par les richesses et leurs fruits. Et en sens inverse révoltant violemment ceux qui sont privés de vivre vraiment.

Tous ces mots laborieux, pour dire quoi ? Pour dire qu’il y a un renouvellement qui s’impose. Que les formes passées ne portent plus de fruits sauf de nombreux empoisonnés. Que s’il y en a de bons, ils coulent de source inconnue, ou méconnue. Dans ce sens là, très précisément, ils risquent de nous surprendre, si nous croyons en avoir fait le tour.

On est toujours jugé du fait de ne pas adhérer entièrement à ce qui fait autorité, et semble inamovible, indiscutable. Nous n’aurions qu’à nous plier et servir. Rentrer dans le moule conforme, et nous taire. Ce que Nous disons, étant suspect.

 

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