Pour aller où ?

Où pourrions nous aller si ce n’est en ce lieu de l’âme ? De notre âme très précisément. Et comment, dans quel état ? Si nous ne savons pas de quoi il s’agit, et par qui cela se fait. Triste condition humaine malgré tous ces luxes et ces œuvres magnifiques, ces textes éclairants, mais qui restent obscurs s’ils ne sont pas vécus, mis en lumière. C’est à dire pensés, et dits. Mémorisés. Intériorisés dans les replis de notre chair.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une intelligence extérieure aussi intelligente soit-elle est inutile si nous n’avons pas l’intelligence et n’en saisissons pas le signifiant, ce que veulent dire les choses, et les mots. Sans savoir nous resterions pris dans ce spectacle existentiel si magique, ce phénomène inouï du vivant naturel.
Mais dans ces conditions savoir de quel savoir il s’agit. Et où nous nous situons dans ce jeu là. On sait que la science ne reconnaît pas l’âme, qu’elle fait comme si elle n’existait pas, ce qui est dans sa méthode, sa rationalité ayant séparé les éléments entre eux pour pouvoir les appréhender. Et que l’âme humaine animale ne pouvant pas tout à fait tomber dans les cordes de la raison discursive. Et pour cause elle demeure invisible. Et impossible à numériser de même avec nos systèmes. Reste l’aspect poétique qui l’effleure ou la musique par le fait de susciter des émotions et de nous bouleverser dans un sens positif face à ce qui nous bouleverse en négatif dès lors qu’on constate les choses atroces de ce monde et des hommes, ou encore la persistance des malheurs et des maux divers.
Dans ce sens, il n’y a que quelqu’un ayant abordé les rives ou issu de ces rives et ces îles qui pouvait nous y transporter. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de vivre sur terre, indéfiniment. Ni de rester en proie à des souffrances n’ayant aucune chance d’être comprises dans ce qu’elles ont de profond comme sens.
Mais hélas ce qui règne est tout de même trop bête. Et ceux qui ne sont pas inconscients de cela succombent dans le cynisme glacé ou dans le nihilisme, tirant profit de tout ce qu’ils peuvent en attendant leur mort. Ce qui n’est guère réjouissant comme destinée.

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