De l’esprit et de la lettre.

Quand tout devient dramatique, quand on est au bord du gouffre, qu’il y a des morts partout et des guerres, on entend les hommes sortir du bois et crier, parce que tout semble incompréhensible, se poser des questions légitimes sur la nature du « bon dieu », qui laisserait faire tous ces massacres. Le pire de toutes ces choses, c’est que ces massacres ont lieu au nom d’un dieu qu’on défend. Ça en fait un boucan de tous les diables, ces mots allant en tous sens, comme si nous ne savions plus rien, n’entendions plus rien.
Comment remettre la vérité sur ses pieds ? Un jour, face à l’ampleur des maux existentiels, récurrents et insolubles par nos seules ressources, un homme récepteur de lumière et de vie, tapies sous des apparences, reçoit « quelque chose » du fait de sa conscience ouverte à cela. Il entend Dieu dans sa profondeur. Il entend sa voix, lui indiquer ce qu’il doit dire, pour que les autres hommes puissent aussi être récepteurs de cette même voix.
On ne pourra plus dire que Dieu n’a rien fait pour nous, n’a pas pesé sur les événements chaotiques mortels, qu’il n’a rien dit afin que nous trouvions à la fois le bonheur et notre liberté.
Mais le doute est possible, quant à la pureté de la voix. Ou de son Esprit. Il y a tellement de pièges dans cette nature sauvage. Et humainement tellement de faiblesses, d’oublis et de tromperies volontaires et malignes.

La partie est rude. On ne sait plus rien. On a rompu le fil initial, le fil de nos origines. On a chuté. Ce n’est pas par hasard, ni pour rien. Cette table rase est conçue – probablement – pour quelque chose d’impératif qui gît en nous. Puisque nous avons en dernier recours, les moyens d’y penser, de nous questionner et prendre du recul face aux choses, et aux faits.
Nous ne sommes plus comme ces anges victimes impuissantes, et fatalement résignées, des maux et violences que les hommes leur infligent. Nous avons cette capacité de dire non. Quitte à en perdre notre vie ou en souffrir. Notre mort ou nos souffrances ne rachètent rien si nous n’en comprenons pas le sens. Nous ne comprenons notre vie que dans la phase joyeuse, libérée de ces maux. Et nous laissons notre mort derrière nous.
En quelque sorte dieu s’avère être l’être, et sa négation son non-être. Parmi nous, nombreux sont ceux qui le renient. Très très rares ceux qui en perçoivent quelques échos. Et un seul dans les siècles qui passent miroir pur de ce Dieu. ( Un seul, pour un lieu et un temps uniques, pour qu’il n’y ait pas confrontation, contradiction, quiproquos, chocs verbaux, etc. )
C’est cette idée du Christ – du Bouddha de même – des envoyés divins. Et à leur suite, des prophètes, des sages, des poètes, des musiciens, des inspirés. Cela reforme une chaîne.
Parce qu’elle était brisée. Pourrions-nous encore nous naufrager si nous savons cela ? Et si nous avons confiance en Dieu ? ( je sais que cette confiance est faible, tremblante, terrifiée par la puissance adverse, « noire », comme ce fond abyssal de la matière noire, des trous noirs.
Mais voyez le jeu, le défi, ou le pari consiste à ce que nous participions pleinement à ce jeu et ce défi cosmologique. Il est pensable et probable que ce ne sera pas par la destruction ou des bombes que nous serons là, il faut au contraire avoir pleine conscience, maîtrise et sang froid, aimer en somme.

Revoir la définition d’Amour.
Comme si nous pouvions écrire l’amour ? Qu’il pouvait se tenir dans des lettres ?
J’espère que ceci est compréhensible. Le christ ou quelque chose comme ça, s’il ne laisse à proprement dit pas de lettre définitive, c’est que l’esprit ne doit pas être enfermé, et que nous puissions faire notre chemin sans « idolâtrer » les lettres.

Naître à terme
Comme un œuf. On ne naît pas avant terme. Quelque chose en nous avorterait, qui coïncide avec ce que nous sommes de façon virtuelle, mais pas encore née dans le réel. Comme la chenille qui est écrasée ne devient pas papillon. La chenille dort, se transforme, se prépare, espère cet envol.
La chenille ne peut s’envoler. Et nous ? Quelles sont nos ailes ? Et quel espace allons nous pouvoir découvrir ? Avec qui ? Pour qui ? Nos corps sont ceux d’une chenille, ce n’est pas cela qui doit s’envoler, comme s’extasier, métamorphoser son corps vers un corps plus léger, plus subtil.

0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *