Cosmos relatif

La physique arrive à modéliser la fusion de deux trous noirs, au cours de laquelle un énergie incommensurable s’y déploie. On ne sait pas si cela se passe à l’échelle astronomique ou atomique. Cela paraît insensé et défier la pensée ordonnée selon l’habitude de désigner le grand comme grand et le petit comme petit. Comme si l’infiniment grand regagnait l’infiniment petit, comme si tous ces phénomènes dans leurs immensités respectives n’étaient que des jeux de miroirs tombés dans notre perception. Si on pousse le relativisme à ses extrêmes.
Ce qu’on croit concret, objet tangible, posé et établi, ne sont plus, ne sont pas comme nous en recevons l’image, comme nous la modélisons. C’est comme ces ondes sur les eaux, comme ces translations des perspectives, où le paysage se transforme à chaque seconde de notre mouvement, où les reflets surgissent dans notre œil. Il y a une infinité de subjectifs, de points de vue, qui se rassemblent à un moment donné et les embrasse tous. Le phénomène, que nous prenons comme objectif est alors dissout.
Ça dépasse l’entendement. L’organisation matérielle à laquelle nous pensions faire face se disperse en poussières, en abstractions subjectives et relatives.
Ne resterait-il rien de ce qui est perçu ? Rien comme ressenti profond des douleurs et des joies ? Nulle capacité à trouver et faire vivre en nous quelque permanence se trouvant du même coup dans l’altérité ? Et nous ne serions qu’en prise avec des immensités vides ? Immensités des astres et des profondeurs atomiques. Abysses dans tous les horizons de cette dimension dans laquelle nous avons l’impression d’Être. Être dans le sens du sujet percepteur exclusif.
Si nous prenons les choses et allons jusqu’à leur terme, nous savons que moi et toi ont le même sujet, le même ressenti, ou sensibilité. Avec des nuances, mais tout de même. Que cette évolution qui se produit en nous est conséquente, comme nous évoluons dans le champ infini du cosmos vide, il s’y passe quelque chose.
Ce qui relève de la gravitation, des trous noirs, de ces jeux de forces pesant sur tous les corps, ce mystère en somme, nous en avons tous une certaine idée. Ce qui nous pose question sur la nature même de l’idée. Mais ce n’est pas ici le sujet.
Ce qui se profile c’est notre relation avec le cosmos, et tous les êtres qui y sont. Sans exclusion en principe.
Bon, la seule chose exclue étant rien ou n’étant rien. Ce qui nous demande de rudes efforts à tous les niveaux de notre psyché, mémoires, désirs, affections, devant se supporter soi-même. Et ne pas succomber. Ni faire tomber les autres parts de nous mêmes.
Non, nous avons comme devoir de vivre et faire vivre. En empruntant tout objet propice à nos recherches dans ce sens là, du vivant.
La science telle qu’elle se présente est alors un support objectif à la pensée subjective. Même si en elle-même elle ignore.

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