Il a fallu

Il a fallu que Dieu existât pour que se produise quelque chose qui émerge du chaos, comme un acte voulu, selon toute vraisemblance, selon l’impeccable précision du geste créateur. Ce ne fût pas n’importe quoi. Implacable logique.
Nous en provenons, en dépit de notre oubli. Nous fûmes séparés en deux, correspondant à une certaine nécessité, et de ce fait nous dûmes également quitter ce lieu confondu avec notre origine. Cela ne peut pas avoir été autrement. On peut nommer cela chute, mais cette chute, cette séparation de fait, n’est pas irrévocable. Nous avons ici les moyens de reconstituer cette unité intérieure ou mémorielle. Malgré tous nos soubresauts, nos défaillances et nos errements. Certes, mais cela ne put se faire tout seul, si nous n’avons pas étés désignés pour cela, désignés ou signés. Autrement dit dans ce jeu, et dieu sait qu’il est vaste, ouvert, ample, varié infiniment, nous pouvions soit nous relever soit retomber dans des situations encore pires et dramatiques.
De façon tangible, concrète, effective, sur terre, il n’y a pas de dieux, sauf des masques. Par delà ces interrogations et ces énigmes de la mort et des apparences, il n’y a à proprement dit dans la totalité vivante et présente sur terre, que du féminin et du masculin, comme deux pôles, deux énergies contraires et complémentaires, où circule le vivant. À la fois sous cet aspect de matière apparemment visible et sous cet autre d’esprit qui nous paraît invisible. Quoique ces deux aspects puissent être tous deux invisibles et visibles, ce qui dépend d’un autre facteur.
Ce troisième terme est obligé. Mais c’est lui qui décide. Et nous, dans un sens si nous lui obéissons, il devient nôtre, et si nous transgressons nous en perdons le sens. On pourrait y voir la ruse du serpent. Pendant que d’autres y verraient le saint esprit.
En d’autres termes, le mal qui nous tombe dessus, ne provient que de nos faiblesses et défauts, jusqu’à devenir diabolique à nos yeux. Et dans cette inversion du sens, nous faisons mal, nous le perpétrons. Comme dans une mauvaise chaîne. Dans laquelle nous sommes entièrement plongés sans certitude d’en sortir.
C’est pourquoi reconstituer cette unité originelle en nous et de nous-mêmes est un des premiers points. Ici il est question du désir, de l’amour, de la haine, de toutes ces choses qui nous traversent et opèrent à notre insu. Et puis il y a toute la littérature.
Nous ne manquons pas de ressources si nous voulons vraiment vivre, et voir. Ceci est fait pour nous métamorphoser. La suite des événements, nous avons le temps pour nous y rendre, mais il est plus urgent d’opérer en notre intérieur, ce qui ne manquera pas de peser sur les événements.
Évidemment, cette conscience là, n’est pas immédiate.

Inversement

Nous pourrions penser que tout est ici, donné. Non seulement le penser mais que cette pensée soit en adéquation avec notre vécu. Ainsi tout va « bien ». Nous n’aurions pas à chercher ailleurs de quoi vivre, de quoi nous réjouir ou simplement jouir du vivant, dans la mesure où c’est bien. Comme pour les peuples sans histoire. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont idiots ou passent à côté des choses essentielles. Au sein de ces existences modestes, la vie normale suit son cours, sans que rien ne déborde, ou cause des souffrances ou des besoins extravagants. Existence tranquille à laquelle nous aurions droit. De même que tous les plaisirs à notre portée, en nous tenant dans des limites légères. Peuple heureux en somme, peuple enfantin.
On sait que ce n’est pas ainsi pour le monde, la part négative est tellement forte dans la mort qu’elle inflige. Ce qui nous pousse à trouver des réponses et des adaptations compliquant tout.
C’est comme s’il y avait eu une « magie noire » à l’origine de ces conditions du monde, rendu dans cet état catastrophique. Difficile d’accuser les penseurs, les intellectuels, les artistes, ou les gens simplement sensibles et touchés par ce qu’ils constatent comme maux, de vouloir renverser le sinistre. Et que la vie reprenne ses droits.
Il a donc fallu chercher au-delà la cause des maux. Disons, au delà des apparences. Dans le caché. Au point où nous en sommes, nous ne trouverons rien de probant en allant voir qui a commencé à commettre les premiers crimes contre l’humanité. Ce ne seraient que des mythes.
Cependant ces mythes peuvent nous éclairer et aussi, nous tromper, si nous les prenons au pied de la lettre, sans en percevoir l’esprit.
Étonnant passage des sociétés simples à des sociétés compliquées, des groupes assez égalitaires à des mondes totalement déséquilibrés, qui s’enfoncent dans des violences et des ravages inouïs.
Si bien qu’il ne reste pas beaucoup d’endroit où nous pouvons nous sentir sereins et épargnés. Tout devenant toxique sur toute la terre empoisonnée. Ayant un futur plutôt sombre devant nous.

Résumons

Résumons si c’est possible. Initialement il ne peut y avoir que Dieu à produire l’événement. ( symbole des sept jours de la création )
Puis, il y eut le monde ( sans dieu, naturel, normal) où tout allait « bien ».
Puis le mal, sans pouvoir décider de sa provenance, mais auquel nous n’avons d’autre choix que de lutter pour survivre, et subir plus que nous le voulons.
Jusqu’à un totalitarisme du mal. Face auquel nous sommes complètement désarmés.
C’est pourquoi il ne peut y avoir que Dieu comme réponse à trouver : Savoir ce que Dieu veut dire. C’est à dire, ce lieu d’origine, cette unité d’être originelle, l’équilibre entre le mouvement et le repos, où nous nous sentons vivants, et conscients de la mort. Mort au sens de franchir les eaux du Styx. ( oubli, angoisse, effroi)
Une fois que ceci est entré dans notre caboche dure, nous avons notre part à accomplir, dans l’amour, dans les ténèbres, dans les souffrances inévitables, mais que nous devrions désormais connaître, et transcender.
De là, de ce qui s’opère mondialement, de ces petites métamorphoses individuelles courageuses, nous devrions voir refluer  les maux qui nous submergent.

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