Quand le Mystère apparaît

Chaque jour qui se lève, chaque nuit où on va se coucher, passant de l’état d’éveil à celui du sommeil, du sommeil à l’éveil, on change d’état de conscience. On a oublié au cours de la nuit, on découvre un jour nouveau. Ou bien on a résolu quelques problèmes de la veille pendant la nuit, on se met en action le matin. Il y a comme une coupure puis un renouveau. On peut se coucher avec une possible angoisse, et se réveiller avec étonnement.
Pour les années, il en va de même. Il s’agit d’une collection de jours et de nuits, de faits et de gens, d’événements qui s’empilent et s’enchaînent, de progressions du monde dans ce cosmos, et dont nous n’avons pas la clef. Apparaissant à la fois comme une nuit et comme un jour, comme obscur ténébreux et comme lumineux.
Et nous voilà dedans. Sans possibilité d’échapper à tout ce qui s’y produit, de même à nous-mêmes en tant qu’énigmes. Une année nouvelle c’est comme un jour nouveau, après avoir passé des temps remplis de leurs ténèbres et de leurs lumières. Des moments heureux et d’autres malheureux. Le soleil, les étoiles servant d’horloge pour la terre. Et de promesse d’un jour nouveau.
Il a bien fallu une certaine ordonnance des choses pour que cela se passe ainsi. Et qu’il reste tellement de choses à sortir du chaos, dans nos têtes, nos corps et dans nos cœurs.
On se retrouve plus âgés et encore plus étonnés que lors de notre enfance. Plus sidérés par ce que nous sommes. Entre chairs et os, sentiments, désirs, indifférences, murs où nous nous cognons, et de temps en temps des révélations.
Là, cela passe par des milliers d’années. Comme si c’était hier. Nous pouvons toucher la nuit des temps. Et espérer ou voir qu’il y a un Jour au bout de la Nuit.
Tout cela, c’est une mise en scène d’une pièce de théâtre dans laquelle nous jouons, et pouvons contempler le jeu. C’est pourquoi c’est si bien si c’est Joyeux. Le mystère apparaît lumineux.
Comme un cadeau de Noël au pied du Sapin, de l’Arbre dans la maison.
(Pensant à ces choses là, je me disais que ce n’est pas que politique, ni technique, que ce n’est pas qu’un phénomène matériel, ni local, ni langagier, non plus dialectique. Mais à proprement dit magique, que certains appellent « spirituel » sans que ceci soit défini, et pour cause. Il y a du chemin entre votre Esprit et celui des mondes. Mais ce n’était qu’une parenthèse.)

À propos de la Cène

À ce propos quelques petites choses. On ne communie que pour se souvenir. Se souvenir de quoi, de qui ? De l’amour pur, de l’acte pur et bon, des pensées pures qui nous traversent et nous élèvent, afin de panser nos blessures et nos souffrances, de retrouver de l’espérance dans ce monde. Amitiés, rires, joies, bonheurs, plaisirs de vivre. Se souvenir aussi de ceux qui furent dans la peine pour que nous puissions exister.
Tout le monde n’a pas connu Jésus en chair et en os. Mais tout le monde a entendu parler de Dieu, et de ce qu’il signifie. Signes qui sont d’autant plus limpides quand ils sont christiques. Là, ils nous rassemblent, indépendamment de nos religions respectives. Nous cessons de nous déchirer bêtement, pour des mots, des rituels, des formes. Nous chassons tout simplement les maux qui nous accablent, et perturbent le cours normal de l’existence.
Même si Jésus ou Moïse ou Zarathoustra ne furent pas des gens normaux, cela nous remet dans la norme. Dans la vie viable. Si nous sommes livrés à nous-mêmes, il est certain que nous ne pouvons faire que des bêtises, du fait de notre nature « grande », nous sommes toujours dans la transgression dans tous les domaines que nous voulons posséder, dans toutes les choses et actes à notre portée. Et ceci est cause de notre chute possible.
On peut se demander pourquoi il y a autant de pauvreté dans cette grande richesse. Pour le dire autrement, pourquoi autant d’indigences et de vides dans ces talents et ces génies. Pourquoi toutes ces fermetures ? Ces incompréhensions. Et ces pouvoirs qui verrouillent les portes d’un présent heureux. Et d’une conscience malheureuse.
Bonheur et malheur n’étant pas contradictoires ni incompatibles. Un conscient est les deux à la fois. Le haut et le bas. La « passion » ne peut être uniquement l’un ou l’autre.
Et puis, se pose la question des échanges fructueux. Nous ne pouvons vivre – vivre vraiment – que selon cette loi. Donner et recevoir.
Il faut donc savoir ce que l’on donne et ce qu’on reçoit. De même à qui et de qui cela vient. C’est en vertu de cela que nous faisons connaissance les uns et les autres, que nous nous connaissons. Ce qui est d’importance pour pouvoir demeurer en vie.
Parfois cela nous brûle sur les bords.