Interruption estivale

J’ai interrompu le déroulement du fil le temps de quelques jours. À la suite de cette coupure, il me semble que ce qui se passe est encore plus dramatique. Parce que ça touche tout le monde, et paraît insoluble.
Vous me direz de quoi s’agit-il ? Ce serait peut-être ce fait d’une humanité enfermée dans cet espace-temps sans avoir d’issue réelle, tangible, sans moyen d’évasion hormis ces illusions que procurent les drogues, exactement comme d’être enfermé dans sa boite crânienne, par ses croyances ou ses représentations, ou pris au sein de ces images d’identités. Chacun essayant de trouver sa porte de sortie, ou de s’accrocher à ses anciennes afin de ne pas perdre totalement espoir.
Alors que tout tend vers l’épuisement. Et que tous les détenteurs de systèmes forcent le passage pour se maintenir en place, en y mettant désormais des moyens surpuissants, inhumains de calculs. L’humain y étant évacué, comme le poétique, dans les cartons et les plans des décideurs.
Ce n’est pas vrai à l’échelle relative des liens que nous pouvons tisser, mais cela se passe dans le monde. Et dans la survie.
En quelque sorte je me demande comment ça tient dans un tel contexte. Où apparaissent milices armées, crimes organisés, mafias, pouvoirs impuissants et imbéciles, la violence s’accroissant.
Il est en plus difficile à la fois de se comprendre, et de se faire comprendre ou de dire les choses telles qu’elles sont, de pouvoir décrire le paysage à cet instant, dans cet état, à tel instant, et dans quel état il va pouvoir évoluer.
Parce que ni vous ni moi ne le savons avec certitude. Même concernant les niveaux supérieurs, éthérés. Nous ne le savons qu’une fois rendus de l’autre côté.
C’est probablement pour cette raison que face à l’immensité, les hommes se disent qu’ils ne sont rien, ou pas grand-chose, acceptant leur sort avec un certain fatalisme. Mais qu’au fond, les actes et les moyens mis en œuvre prouvent strictement l’inverse.
Le drogué cherche les paradis, en trichant par des moyens illicites. Comme les guerriers, les hommes d’affaires, les ambitieux emploient des ruses pour remplir leur existence, et évitent de succomber à l’ennui mortel de l’inaction ou du mortel.
Les usines tournent mais le monde semble en panne sèche en de nombreux points. Ou cela menace sérieusement de tomber dans la misère.
Je ne parle pas de l’état de santé déplorable du fait de vies mauvaises, de mauvais travaux, et de pauvretés qui ne peuvent plus se soigner, ou persistent dans l’alcool pour oublier leur condition. Ni de tous les pièges liés à la consommation, et aux dépenses forcées que les gens vont devoir assumer et qui sont ruineuses.

Changer de contexte, voir des montagnes et leur poser des questions, parce qu’elles en ont vu d’autres, des civilisations qui s’effondrent.

Mais bon, tout cela reste incompréhensible. Dans ces conditions, il est possible que la seule réponse valable consiste en ces questions qu’on se pose et qui nous meuvent ?
Parce que nous contenons la réponse. C’est dans l’échange de points de vue que se posent ces questions et en particulier celles qui nous touchent. Et ces questions ne peuvent surgir que dans les liens aimants. Nullement dans les liens hostiles.
D’où la grande difficulté, voire le danger dans lequel se trouve le monde.

Reprenons ( laborieux)

Je reprends à propos de la séparation. Il ne s’agit pas d’une séparation arbitraire, d’une ligne de démarcation posée par caprice entre les hommes et la nature, les hommes et dieu, ou encore l’homme et la femme, le vivant et le mort, le haut et le bas, le temps et l’éternité.

Si le temps présent n’était pas séparé en lui-même entre passé et futur, la terre et la vie n’auraient nul besoin d’exister. Qu’elle existât ou non, cela revient au même. Que tu aies existé ou non, cela est sans importance, au regard de cet être non séparé, donc absolu, excluant le relatif insignifiant. Ces êtres relatifs éphémères peuvent dire ou faire ce qu’ils veulent, ils sont nuls en eux-mêmes face à l’être, qu’ils contiennent cependant. Et où ils se rendront quoiqu’ils fassent.
Mais dans ce cas, ils sont l’être, ils sont identiques à l’être qu’ils contiennent. On est, anonyme dans l’être, ceci indistinctement. Que se passe-t-il dans cette fusion radicale, essentielle, de la matière et de l’esprit ? Le grain de poussière est aussi puissant qu’un soleil. Il n’y a finalement que des infinis en poussières, et en mouvement venant du même et arrivant au même. Autant dire qu’il ne s’y passe rien. À la limite tout effort de la volonté, de l’amour ou de la pensée, de l’imaginaire ou du génie, se réduit à rien puisque tout est accompli depuis toujours, et qu’il suffit de ne rien penser par nous-mêmes pour nous y trouver. Il suffirait même de ne pas penser pour mieux nous inclure dans cette totalité de l’être. Et surtout de faire abstraction de ce que nous croyons être et éprouvons ici, qui ne peut être qu’illusion, totalement hors du réel.
Quoique nous fassions nous sommes dans le réel sans savoir tout ce que nous savons, toute la science qui est incluse en nous à notre insu.

Alors dans ces contradictions, autrement dit ces oppositions de langages et de logiques, il faut que s’opère une réduction de notre ignorance savante, ou de notre science ignorante d’elle-même. Que nous sachions ce que nous avons à savoir en conscience.
Or cela ? Est-il enseigné, transmis, donné ? Ou bien serions nous retenus dans l’ignorance et les images nous conditionnant depuis que nous sommes nés sur terre ? Dans une sorte d’immobilisme étonnant. Ou seul l’étonnement prend de l’importance au lieu de la vérité, rejetée.
C’est toujours très difficile d’être exact dans les mots, pour qu’ils disent ce qu’ils doivent dire. Qu’ils ne trahissent pas l’esprit et le signifiant.
Parce qu’il est une chose ayant de l’importance et passe incognito, dans un sens et dans l’autre sens. Tout cela pour que nous passions à notre tour de l’autre côté du miroir sans nous perdre. Quant à celui ou celle qui reste en deçà, se refuse à passer, et poser ses bagages pour effectuer le passage, que se passe-t-il pour ces êtres là ? Ce n’est pas uniquement une question d’énergies, ni d’adhésion à la lettre qui va décider à sa place. Il faudrait à la fois ces énergies et ces lettres, que nous puissions en saisir le sens et l’urgence. Ce que d’ailleurs firent ces grands parmi nous.

*

Le monde s’oppose en deux philosophies (ou plus). Celle de l’action et celle de la contemplation. On ne peut passer de l’autre côté si on reste en le contemplant, de même si on s’agite comme un forcené dans cette matérialité et ces mondes éphémères.
Alors, comme nous devons vivre et nous nourrir, avec également le besoin impérieux de parler et d’exprimer, certains d’entre nous de dominer ou de mener les autres et les autres de suivre de façon plus passive, cela a des effets relativement à la sphère des engagements, des implications, des choix, et de ce qui se produit. On s’étonne ensuite qu’il y ait des rois, des pharaons, des papes et des empereurs, qui ne tiennent guère compte des êtres « inférieurs » dépourvus d’êtres propres, n’ayant en eux aucun sacré, excepté celui qu’on leur a donné. Et qui bien entendu fait autorité… et les propulse.

Mais vers où ? Ça reste étrange.
Les autorités, prétendues telles, malgré tout ce dont elles disposent comme informations et données, s’en servent d’abord comme outil de domination avant de s’en servir pour eux-mêmes comme outil d’élévation, et comme nourritures. Ce qui rend le monde encore plus esclave et sans réponse possible.
Dans un sens assez affreux, tout cela. Et en plus convainquant ceux qui semblent en opposition, mais sont séduits par les richesses et leurs fruits. Et en sens inverse révoltant violemment ceux qui sont privés de vivre vraiment.

Tous ces mots laborieux, pour dire quoi ? Pour dire qu’il y a un renouvellement qui s’impose. Que les formes passées ne portent plus de fruits sauf de nombreux empoisonnés. Que s’il y en a de bons, ils coulent de source inconnue, ou méconnue. Dans ce sens là, très précisément, ils risquent de nous surprendre, si nous croyons en avoir fait le tour.

On est toujours jugé du fait de ne pas adhérer entièrement à ce qui fait autorité, et semble inamovible, indiscutable. Nous n’aurions qu’à nous plier et servir. Rentrer dans le moule conforme, et nous taire. Ce que Nous disons, étant suspect.

 

C’est à quel sujet ?

je n’ai pas épuisé mon sujet.
Il y a un voile qui nous sépare et nous empêche de voir. Que les êtres aient dans leur profondeur cet être non séparé, c’est quasiment certain. Mais en plus de ne pas voir, il y a cette volonté de ne pas vouloir voir, ni savoir, comprendre ou croire en l’importance de la vérité. Il y a un refus obstiné des hommes. Comme s’ils s’étaient verrouillés volontairement, non sans raison. Il faut croire alors que la vérité leur a fait défaut et qu’on ne les y prendrait plus. De là, viennent toutes ces dérives possibles et ces recherches dans des substituts aux paradis générant des addictions fortes, les plongeant dans l’oubli ou la vengeance.
Il y a une ironie dans cette séparation des êtres enfermés dans leurs existence. Ce n’est pas gratuit, cela sert plus qu’on ne pense. Il se produit dans la personne des choses qui n’auraient pas lieu si nous étions tous fusionnés dans le réel, de façon immédiate, et donnée ou acquise dès notre naissance terrestre. Ce conditionnement ou cette condition a des vertus. Celle de nous poser des questions, que nous sommes seuls à devoir en assumer les réponses et que cela porte ses fruits. Nous nous jugeons selon ces fruits. Ainsi pouvons nous ou non poursuivre notre chemin. Ou recommencer ce qui fut mal fait, ce qui est source de souffrance, forcément.
La porte de sortie n’est pas difficile à trouver, mais quelque chose l’est, c’est de s’y rendre et savoir tout ce qu’on doit laisser, sans avoir de certitudes sur ce que nous allons retrouver.
D’où la tendance du monde à se laisser rassurer, d’où la manipulation des malins vis à vis des faibles qui leur font des promesses et font croire que c’est aisé et facile, que cela se fait rien qu’en disant ou en lisant des textes sacrés.
Comment pourrions nous passer si nous ne sommes du métal trempé, sans avoir été forgés ? Mais bien entendu dans la douceur.
Là aussi c’est délicat. Parce qu’il peut y avoir du doucereux qui cache des pièges et des poisons, ou de la mièvrerie qui endort.
Alors on doit tout examiner à la loupe.

Les écritures
Les écrits ne disent rien, ne disent pas le vrai. D’eux, nous ne tirons que ce que déjà nous savions, mais guère plus. Ils ne modifient pas l’esprit. Ce sont nos actes qui sont la cause éventuelle des transformations. L’acte réel en notre esprit, en fonction de l’esprit que nous faisons nôtre.
Les affirmations qui paraissent gratuites et dénuées de sens méritent d’être pensées. Comme celle-ci : Nous avons été rejetés du Ciel, et nous nous trouvons tombés à terre. Nous ne savons plus pour quelle raison nous sommes ici, dans cet état de nudité, d’éloignement ou de rupture, d’enfermement dans un temps présent qui fuit, qui nous fuit et nous sépare de tous les temps, de la plénitude des temps conscients. Comme des temps angéliques, et amoureux.
Bien entendu cela n’est pas absolument vrai puisqu’il nous reste une terre magicienne et belle, sublime. Et nous constatons aussi la laideur, qui nous interroge. Cette laideur ne serait-elle que née de notre regard ? Incapables de voir sous le laid la beauté qui y est incluse et nous soumet quelques épreuves de « vérité », comme ces légendes des sorcières ou des crapauds métamorphosés en prince charmant ou en fée, en fonction de l’amour que nous cultivons en notre intérieur.
Expliquer les raisons de notre évacuation des cieux ne nous donne pas obligatoirement les moyens de les retrouver, de retrouver notre paradis. Nous ne sommes pas venus ici bas volontairement, pour accomplir quelque mission. Cela s’est fait d’une façon telle que nous n’y pouvions rien. Puissances des désirs et des corps vivants, dont nous ne détenons nulle clef. Puissances des abysses, et de la pesanteur qui entraîne les anges, ou les êtres, ou ce que nous étions avant d’être ici, retenus dans nos corps soumis à ces épreuves de vérité. De créativité. De divinité à réapprendre.
Disons que nous ne sommes plus tout à fait ces anges, ceux qu’on dit bons. Nous sommes en transit par la bête terrible, chargée de tous ces nœuds emmêlés, qu’ils soient de l’ordre des sentiments, des appétits, des crispations, et des malignités qui donnent l’illusion de l’intelligence et du savoir.
Il en ressort cet impérieux besoin de discerner le vrai du faux et de nous en tenir là. Ce vrai n’étant jamais fini, mais se déroulant comme un parchemin.
Le laid est un laid objectif, qu’on peut trouver en soi. Formule qui assemble donc le subjectif dans l’objectif, dans l’œil de notre chambre. Est-ce bien utile de penser ça ou même de le savoir ?
Non, bien plus éprouvante est la merveille et la beauté. Celle-ci nous brûle de soif. Et nous indique quelle distance nous en sépare, quels efforts aurons nous à faire et quelle souffrance pour que nous puissions la rejoindre, et s’asseoir à ses côtés.
Excessif, ce que j’écris. Il y a moyen d’être écrasé d’extase. Tout est fonction de ce que nous adorons. Et qui nous diffuse sa douce heure.
En se sens, l’écrire ne nous la livre pas, si nous ne le vivons pas en esprit. Les écritures ne nous révèlent que la partie grise. Le blanc pur ne pouvant émerger qu’en notre intime, en secret, dans la douceur des sons.
Ceci dit, les textes sont précieux, dans la mesure où ils sont précis, sans fadeur dans leurs traits ( flèches)

Je reviens sur le voile.
Si le voile était transparent de façon radicale, il ne servirait à rien, il n’y aurait pas de voile. S’il voile, c’est qu’il sépare de façon nette ce qui doit l’être pour que quelque chose se fasse en nous, et que nous nous rendions en pleine connaissance sur son autre rive, comme nous traversons les eaux. ( qui se révèlent noires)

Mais il y a un point qui est indiscutable, c’est celui-ci : on a le choix de prendre ou de laisser les écrits qui nous conviennent et d’en être critique.

Là, je ne m’en prive pas et prend où ça me chante ( au sens de chanson )

La corrida

Il me revient cette réflexion à propos des vérités oubliées ou des vérités qui ont été dégradées par les hommes, ceux qui étaient censés les transmettre. Cela fit tomber le monde de plus en plus, livré à des forces obscures et profitant de l’état de faiblesse induit dans ces circonstances.
Si nous contenons au fond et certainement en nous-mêmes cette vérité sans défaut, elle fut largement tombée dans l’oubli avec les conséquences que l’on sait. Et ce ne sont plus les textes anciens sans initiateur qui vont rétablir les vérités et nous remettre en mémoire, s’il n’y a personne pour réactualiser les données perdues, faire en sorte que nous nous souvenions à nouveau. Retrouver la mémoire est une opération assez vertigineuse, qui en déroute plus d’un. Il se peut même que nous ne le supportions pas.
Comme une trop grande bouffée d’air auquel nous n’étions pas préparés.
Si tu n’as pas perdu le fil et que tu n’as rien oublié, que tu connais les chemins du retour et la vie harmonieuse ici allant jusqu’à son terme, ce n’est peut-être pas le lot commun. les hurlements des foules dans les arènes folles ? Et j’en passe, de ces brisures, les larmes et les cris, et ces nombreux morts.

Des mots qui s’opposent

S’agripper à ses mots comme à une bouée de salut, découvrir que c’est une baudruche, comme serait celui pour qui l’idole ou l’icône d’un coup s’effondre, et voir sa vie tomber dans un impossible néant, c’est assez affreux. D’où la nécessaire prudence quant aux éventuels jugements sur ce que croient les hommes.
Ce n’est pas une raison pour être d’accord ou s’opposer de façon systématique.
Ou pour une simple question d’affirmation de sa personne.
Ou pour tendre vers la vérité.
Tout ceci, mine de rien, peut être rude épreuve.Le vivant nous demandant plus de courage que de repos.

Le je et le nous

Le « je » ne tient pas sans nous ; le « nous » ne tient pas sans un je conscient de l’enjeu. Il faut cette particularité du je conscient pour édifier un nous conscient et vivant. Même si le je éphémère est porteur de ses illusions existentielles, il progresse en lui-même, il chemine et se forme, à la fois dans ses chaînes et dans sa liberté, et ses fautes, en fonction de sa bonne volonté et uniquement sous sa conduite. Bref, (ce) je m’assume. Aussi grâce aux autres. Aussi bien par les maux que par les biens. Pensant tout de même que la souffrance n’est pas appelée, ni pour moi, ni pour personne.
Cette souffrance, comme des poisons et des venins dans nos chairs, il n’en faut plus. Nous avons eu notre dose, comprenez. Nous ressentons celles des hommes et des êtres vivants, cela se transmet, comme des vibrations et des secousses sismiques. De même que la joie et le bonheur sont communicatifs, mais non pas de la com, de la propagande. Là, c’est toujours chargé de toxiques, et cela nous rend stupides, et fixés dans l’impasse.
Il est possible que ceci se soit passé ainsi : un jour est apparue cette conscience d’un je en un je quelconque, se sentant à raison autre que tous les autres, détaché du corps commun. Avec tous les dangers qui purent en découler. Mais aussi toutes les possibilités de construction pour le motif de la cohérence intime ou interne d’un je enclos en lui-même. Cohérence, n’est peut-être pas le mot, disons ce sentiment d’être unique. Non pas supérieur, ni inférieur, mais où je n’ai de compte à rendre qu’à moi-même, sans devoir obéir à une conscience ou un esprit que je récuse ou qui ne m’éclaire pas. Tout cela pour se rendre vers les lieux inconnus, sans y entraîner les autres ni se faire perdre. On a un droit fondamental, c’est de voir la lumière, et de ne pas subir les souffrances indues.
Je repense à ce qui est peut-être à l’origine de ma détermination au cours de mon enfance heureuse. Ce fut un jour cette dame agonisante comme morte sur la chaussée, d’où sortait du sang de sa bouche. À cela on ne peut opposer qu’un non définitif.

Épurer ses mots.

Se redire sans cesse, se poser toujours les mêmes questions. Essayer de rendre la parole pure. Non par des effets de style, mais par souci d’intelligibilité. Que dieu existe, mais savoir ce que ça signifie. Ce mot dieu recouvre un nombre considérable de vérités distinctes, censées ne pas nous égarer, ou alors il ne s’agit pas de dieu mais de notre égarement. La question essentielle est celle de la bénédiction, et de la malédiction dans laquelle nous sommes retenus. Les dédales verbaux, les mensonges, les hypocrisies, les fausses vérités qui disent les choses à moitié sans vraiment dire ce qu’elles cachent comme intention et comme volonté de puissance, sur les âmes faibles. Ou encore, cette pensée pernicieuse sûre de son droit par la certitude de détenir des vérités « officielles » et consensuelles, rejetant les autres comme hérétiques, ces mots qui font semblant de bénir alors qu’ils maudissent, sans jamais rétablir l’autre dans son chemin. Et pour cause, parce qu’ils l’ignorent. ( même s’ils ont rencontré un jour la présence de l’au-delà )
La question de l’âme donc est essentielle. Âme individuelle reliée à l’âme collective. Âme vivante au lieu d’âme morte. Une âme morte souffre intensément dans son âme Et dans ses corps. C’est l’homme brisé, l’humanité brisée en de multiples morceaux n’arrivant à se raccorder, reprendre des voies d’harmonie et d’accords. Dans cette noirceur, tous les maux s’engouffrent. Les jalousies, les envies, les crimes, les violences, et les exploitations honteuses des autres, la jouissance à faire mal aux autres et à soi-même. Comme lors de ces mises à mort dans les arènes. Ces vengeances des impuissants qui détiennent des otages à leur merci et contemplent leur sacrifice. Tout ceci déchire les restes humains, la nature et la vie, qui en pâtit horriblement. Et nous emporte dans une spirale négative. Il n’y a que cela sous nos yeux, si nous restons fermés aux autres signes.
Une âme vivante, ne perdant pas le fil, ne lâchant pas la main qui la retient, ne saurait mourir. Elle ne pourra pas. Elle ne voudra pas. Et ne forcera rien. Certains y ont vu la voie passive comme celle d’Orient. Mais en orient aussi on te fait souffrir et mourir si tu t’opposes aux princes. En cela l’occident et l’orient sont semblables dans leurs principes, leurs terreurs. Seules les modalités varient, comme des décors différents. Mais les perditions sont les mêmes, avec plus ou moins de richesse ou de pauvreté.
Dieu et toutes ses images fortes, vierge, christ, archanges, tous ces noms des divinités venus de tous les horizons recouvrent un arrière plan constant, et muet. Ce silence afin que nous puissions entre hommes nous entendre et nous former, nous transformer et survivre dans nos métamorphoses, vers quelque chose de positif et d’heureux, pour la raison unique et impérieuse des générations, dont nous sommes issus.

Croire

Qu’il est difficile de s’entendre. Il y a toujours des morts qui nous séparent.
Ne prenez que ce mot : spirituel. Chacun y va de sa définition. Mais personne ne laisse vraiment l’esprit parler. Les siècles ont toujours été spirituels, même les guerres eurent lieu en son nom, et chacun s’accroche à ses branches, qui s’affrontèrent, à ses mots chargés de mémoire, qui donnent du sens, font ombres et lumières.
De ce fait tout est ambigu, sur la pointe fine de la pensée ou de la croyance. Croire, non par crédulité mais par lucidité et par confiance, comme un enfant. Il n’est pas encombré par les sommes de livres accumulés, par ces histoires, ou ces concepts savants. Il peut voir par conséquent, et recevoir.
Ce qui est probablement une affaire du cœur face à son amour, sa vie présente dépouillée de tous ses masques. Une fois ceci fait, on peut commencer à raisonner sans trop de risques d’erreurs. L’esprit fait son « travail ». Comme l’eau patiente façonne les rives.
Alors, le futur, de quel esprit nouveau sera-t-il ? Et se peut-il sans se défaire de cet esprit ancien ?
Comment sortir de cette contradiction, qui voudrait que l’esprit « un » soit deux ? Un ancien et un nouveau contraires l’un à l’autre. Le jour et la nuit, la ténèbre profonde ou l’âge d’or ? Ou encore sur le plan moral, bien et mal. Comme si le bien se pouvait sans mal, et comme si nous pouvions les faire fusionner dans un Bien seul hypothétique. Nous nous mordrions la queue.
Comment savoir l’un sans croire l’autre, et vice versa.

*

L’amour…

 

« Les hommes sont spiritualistes, mais n’aiment pas l’Esprit »

 

Vous verrez bien ce qui a changé.

La chance

Pourquoi la chance ? Parce que cela nous sauve. Il faut la saisir quand elle se présente, et ne pas la perdre. C’est comme une exception. Sans doute, si tu as une chance, ce n’est pas gratuit, c’est pour réaliser quelque chose en retour, quelque chose d’utile au monde, en plus de toi.
Il y a dans le monde des êtres exceptionnels, dotés de talents fameux, mais dont les œuvres ne donnent pas nécessairement des modèles à suivre, mais des horreurs à éviter. Je pense au livre de Malraux «  la condition humaine ». Ce serait plutôt « la perdition humaine » dans ses descriptions les plus atroces. La folie meurtrière, et le drame humain dans son expression la plus violente, la déroute de l’amour et de la vie.
Il est rare que la chance se présente à plusieurs reprises. Elle serait fausse si elle se répétait. Ce ne serait plus une chance, ce serait une loi de la condition humaine, et nous n’aurions nulle part à apporter en étant sous perfusion.
Bon, je ne dis rien. Ce hasard offert, cette grâce, doit porter ses fruits, et à ton tour tu dois avoir accompli quelque chose en fonction de cela. Non seulement intellectuellement, mais spirituellement, quelque chose de très signifiant dans les relations humaines modifiées, allant dans le sens du courage, de la sainteté, c’est à dire vers la pureté et la lumière vivante.
Il faut mourir, mais mourir n’est pas la fin, pas notre fin. Voir mourir celui ou celle qu’on aime, et qui fut notre chance, laisse un goût amer, révélant notre impuissance et un désarroi auquel il va falloir faire face seul. Sans opium.
Dieu a donné, Dieu reprend. Il reprend ce qui vient de lui. Il laisse ce qui n’est pas de lui et qui ne vient pas à lui. Ou qui vient animé de mauvais, c’est à dire d’impuretés. Dans ce sens, la chance est un don de pureté venant de Dieu.
Il est notable que la souillure sur la terre est immense. Si on en juge par tous les détritus jetés ici ou là, à l’échelle industrielle, ou individuelle. Par tous les crimes et les mensonges étalés à la face du monde, les trahisons, les malheurs, les effondrements sous nos yeux, comme si il n’y avait rien que cela.
Mais non, il y a aussi l’autre visage.
Comment vous dire sans mentir ? C’est une chaîne vivante, qui sauve ce qui doit être sauvé, celui qui veut se sauver, aller jusqu’au bout de sa vie, là où tous les êtres sont vivants, et où nous retrouverons les vivants.
Ne me demandez pas ce qu’ils sont. Ils sont dans vos rêves, et dans la lumière pure de ceux-ci. Mais ce n’est pas l’heure de les chercher. Il vaut mieux allumer ici ces âmes éteintes. Et donc il est question de cultiver de ce qui doit l’être, pour le mieux.
Cultiver, rendre un culte, à la beauté, à la vérité, à la bonté. Dans ces conditions, ces conditionnements favorables, le terrain se prépare à recevoir la vie, la vie heureuse.
Cela malgré les souffrances dans les chairs. Le mal s’estompe avec le temps, la terre se délivre.
C’est à la porte des enfers qu’on prend la mesure et l’importance de la vie, à condition de ne pas se laisser dévorer.

Et puis

Je me reprends. La totalité, est-elle mal, bien ou indifférente ? Positive, négative ou neutre ( ou nulle ) ? Il n’y a que nous pour le savoir. Et sans doute nous, pour l’ignorer. Les habitants naturels semblent savoir ce qui est bien et dédaignent les maux, ou savent s’en prémunir ou s’y adapter, c’est à dire survivre si rien d’incongru vient perturber le cours normal de leur existence. Nous semblons être la seule engeance capable de générer des maux intentionnellement, pratiquement comme des expériences, des souffrances qui paraissent gratuites.
Les habitants naturels ne se donnent pas la peine de faire mal. Nous, cela rentre dans nos pouvoirs. Comme si nous voulions posséder ce négatif, sortir de cet état pur ou angélique, ne se posant pas de questions, mais prenant la vie telle qu’elle vient, de même que la mort. Nous refusons quelque part la mort, la nôtre ou celle de nos congénères, et de ce fait nous refusons de vie ou redoutons le vivant, sous ses formes intenses, entières, tout cela par faiblesse inhérente à notre nature. Nous devenons inhumain ou surhumain, c’est selon.
Nous ne sommes pas nés d’une seule évolution d’objets porteurs de vie propre, se complexifiant au gré des circonstances extérieures.
Il a fallu un geste créateur, pour ôter cette pureté, instinctive, première, mais décisive quant à ce qu’un être privé de cette innocence va devoir entreprendre dans tous les espaces pour comprendre sa situation. C’est peut-être ce qu’on nomme évolution. Ce ne seraient pas les êtres qui d’eux-mêmes évoluent, mais des facteurs extérieurs qui les font évoluer, et ceci en vue de quelque chose porteur de sens. C’est à dire allant quelque part.
Nous avons ces capacités de nuisance et inversement de pouvoirs positifs créateurs. De même l’indifférence.
Entre parenthèses : quand on se demande si les univers sont peuplés, il suffit de savoir que nous peuplons l’univers, que nous en sommes des habitants, ayant en nous toutes les questions nécessaires, et les réponses à chercher ou à créer. Ne serait-ce que cette volonté en nous de ne pas se satisfaire de notre condition, en bien comme en mal. De nous dépasser, comme on dit couramment de nous transcender. Si nous avons ce pouvoir effectif, c’est qu’il y a de la transcendance dans ces univers.
Et par conséquent un fil conducteur qui nous amène ou non à accroître ces pouvoirs et ces savoirs. Dans l’idée fondamentale de ne pas mourir ou nous éteindre, de façon définitive.

Pour un être mort tout est mort