Cher

Que cherches-tu, que fais-tu de tes jours et de tes efforts, que sais-tu de ce qui en sortira et ce qui te transforme ou te conduit à grandir, à accroître tes états de conscience ?
Détrompes-toi si tu penses que tout se vaut, que tout est vain, que le temps d’existence est inutile ou indifférent sauf celui de la bonne ou de la mauvaise fortune, que tout s’efface ou s’effacera, que les résultats aboutissent toujours au même, et qu’il n’y a rien à faire que se laisser écraser par la fatalité qui ferait de nous des ruines ou des cendres, comme si nos amours n’avaient aucun sens, n’étaient pas porteurs de lumière, de vie supérieure, détrompes-toi.
De vie supérieure et de pouvoirs. Au sens le plus élevé de créateur. Interroge toi sur le bien fondé du mal dont tu as à te délivrer.
L’intelligence peut être poison mortel, au même titre que l’imbécillité ou l’ignorance, la mauvaise foi ou la méchanceté. Évidemment, elle a un sens malgré sa toxicité, les souffrances qu’elle inflige. Cela nous oblige à aller chercher l’eau pure à la source si nous voulons vivre, si nous ne voulons pas être retenus otages indéfiniment des perversions de ceux qui se croient des esprits forts. Et s’avèrent assassins.
Face à l’emprise qui s’exerce sur nous et nos faiblesses, tout semble jouer contre nous, sans recours. Comme si nous ne pouvions qu’aboyer, ou pleurer. Et qu’il n’y aurait nulle consolation, nulle espérance. Nulle lumière au bout du chemin.

Autre chose

La nature ne saurait être autre que ce qu’elle est dans son simple appareil. Elle se suffit à ce qu’elle est sans vouloir autre chose, sans même y penser. Pour cela elle su s’adapter.
Nous, c’est différent. Nous savons que sommes autre que ce que nous sommes, et nous cherchons à retrouver ce que nous sommes. Nous nous sentions « nus », quelque chose nous faisant défaut. Nous nous sentions coupés de la nature, de notre origine, de notre entièreté. Nous n’aurions pas pu vivre, étant ce que nous sommes, si nous n’avions pas étés séparés d’une part essentielle de nous-mêmes, si nous étions en entier, tel quel, dans notre corps présent. Ce serait insupportable. Et inutile. Nous n’aurions strictement rien à faire ici bas dans ce corps minuscule.
Alors pourquoi donc cette condition, cet état d’être amputé d’une part de nous-mêmes, et cette conscience qui est supposée évoluer d’elle-même, confrontée à ces autres, qui sont les mêmes que nous ?
Ça doit bien avoir un sens, une fonction, une utilité qui dépasse largement notre existence personnelle, et qui se retrouve ailleurs ou se transpose dans la suite de tous ces événements, de tous ces processus historiques, ou de mémoires.