Des pouvoirs et des devoirs respectifs.

Un homme croit pouvoir sans la femme ? ou bien sait-il qu’il ne peut rien sans elle, et de ce fait, fait tout pour la soumettre, la mettre à son service ? Tout en la servant, la servant selon ses désirs à lui, ou selon les désirs distillés, les envies suscitées. Il y a tellement de malentendus, de voiles posés entre les deux.

Nous ne voyons pas les choses de la même façon, masculins ou féminins. Nous n’entendons pas ce que l’autre entend. Nous ne raisonnons pas non plus tout à fait de façon identique, Alors ça complique les choses, si la raison même, la rationalité est empreinte de subjectivités, de connotations liées à notre sexe.

Et que certains d’entre nous voudraient effacer.

Entre deux

Bachelard pensait le temps de notre existence pris entre deux néants. Si on y pense, c’est absurde. Et surtout faux. À la limite, examinant la nature du temps, le présent réel s’anéantit de lui-même dans son instant infime sans conscience, comme une étincelle qui est partie à peine arrivée.
On ne peut pas réduire l’existence à cette étroitesse de notre existence séparée de la totalité, de même la terre séparée de l’univers, le corps sans esprit, dans la matière exclusivement.
À un autre niveau, ce serait comme l’homme séparé de la femme, une terre stérile, qui n’a jamais existé. On n’a connu que le monde doté d’hommes et de femmes. Comme deux mondes distincts ayant du mal à communiquer, à s’entendre. Deux corps différents, deux psychés et deux langages différents reflétant leur singularité, en quête d’unité ou d’union, par la pénétration dans l’autre, ou d’être pénétré par l’autre, en quête de fusion dans leur être intime. Union dont on sait la vanité, ou l’impasse si cela se limite à la copulation. Mais si nous prenons comme lieu d’union possible le lieu de l’esprit, cela réduit le corps à n’être rien qu’éphémère inutile. Corps et esprit restent séparés et impuissants. Les existences succombant dans la mièvrerie ou dans la violence.
Nous aurions échoué dans nos vies. Malgré les philosophes qui nous ont délivré des beaux tableaux, ou les peintres des bonnes pensées par leurs toiles.
Il y a toujours des moments critiques, des passages délicats dans toutes les traversées, des points de bascule dont l’issue incertaine nous effraie. Et qui font un nombre considérable de victimes sacrifiées. Évidemment, tout ceci est atroce, rien ne peut justifier toutes ces choses là. On sait que l’histoire est faite de ces montagnes de morts. S’il y eut aussi de la vie et de la joie elle passe inaperçue, excepté en ceux qui vécurent et vivent encore.
Qu’est-ce qui décide donc de la vie ou de la mort ? Qui nous montre ce qu’il y a au bout de la souffrance ? Quelle délivrance une fois passés. (une fois délivrés, qu’y a-t-il ?)
Nous ne sommes pas uniquement corps ou uniquement esprit. C’est une combinaison des deux, comme le temps et l’espace. Dire qu’ils n’ont pas d’existence, comme dire qu’ils n’existent que l’un par l’autre, c’est peut-être un abus de langage. Ou décisif comme le langage ? Ce qu’on dit serait décisif.
L’esprit seul ne peut agir sur le corps, le corps seul non plus sur l’esprit, il y a ce troisième terme qui fait la jonction, qui fait qu’ en nous cela s’épouse ou non. S’épousant cela devient vivant. Sinon c’est mortel.
On pourrait faire cette analogie avec le féminin et le masculin, cette combinaison génétique et psychique. Mais ce mélange est mal fait ou dévoyé, s’il y a des intrusions et des modifications anormales.
Inversement.

À quoi sert la puissance ?

À quoi sert la puissance si celle-ci détruit Homme et Nature, si la terre meurt et qu’il ne resterait rien que des amas de roches calcinées ou vitrifiées ? Où irions-nous renaître ? Dans quel corps pourrions-nous revivre si nous sommes égarés dans ces univers sans connaissance de ce que nous sommes.
S’il s’agit d’une connaissance de soi-même, de conscience de soi, elle implique également une conscience plus grande, dépassant le cadre étroit de cette existence, de la nôtre exclusive et enfermée dans un je ignorant, borné à son entendement.
La puissance nous montre à quel point nous sommes si peu sans cette totalité des êtres, des autres êtres, et simultanément si nous ne donnons pas vie à cette totalité, à laquelle nous appartenons.
Cette image de la puissance destructrice, de la destruction possible, nous indique cela, ce vers quoi nous devons nous rendre, si nous voulons être libres. Il ne s’agit nullement d’accroître notre puissance individuelle dans cette totalité, au détriment des autres existants. Il s’agit uniquement d’augmenter la conscience, l’amour et le sentiment de la présence, ce tout qui nous traverse, et qu’on retrouve partout. Cela a pour effet que nous nous retrouverions vivants partout où nous irions.
Dans ces conditions, et cette volonté accomplie, Adam – mâle et femelle – ne « mourrait » pas. Adam retrouverait Eve, cette dimension lumineuse oubliée et délaissée. Il n’y a pas d’autres transcendance à chercher, à intérioriser, intégrer dans notre psyché maladive, pour que nous nous relevions, et soyons transfigurés.
En sens inverse, négatif, dans cette chute qui n’en finit pas, dans ces cauchemars et descentes en enfer, sombrant dans l’inconscience, l’abrutissement, la corruption, la perversion, la malignité, l’avidité jamais satisfaite, ce que nous faisons accroît cette puissance de destruction. Bref, la puissance telle que nous la prenons n’est que destructrice. La souffrance est là pour nous le rappeler. Pour que nous renversions en nous ce quelque chose d’indicible, et avec lequel nous sommes seuls dans ce face à face.
« Tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face. »

C’est clair, tu es ton dieu quelque part. Évidemment c’est un dieu ouvert à tous les autres êtres vivants, ainsi les dieux se reconnaissant forment le Dieu unique. Et si nous ne prenons pas le Chemin vers ce Dieu ensemble, Dieu ne peut plus grand-chose pour nous, nous nous retrouvons à nous faire mal.

Le futur de la terre est vaste. La terre a beaucoup de temps devant elle, non pour dilapider ses ressources, mais pour vivre patiemment, humblement, à son rythme, selon sa beauté et ses humeurs, selon les désirs qui nous animent et nous enflamment, les énigmes qui se présentent, les talents qui fleurissent et se transmettent. C’est comme une fresque d’ombre et de lumière, de noirs et de blancs, de toutes les couleurs, les nuances et les tons, une fresque qui évolue, et non qui régresse ou s’involue, s’épaissit, s’enlaidit s’enfermant dans ses plis.

Entre parenthèses : l’homme mâle est comme une cornemuse, une peau boursouflée d’air et d’orgueil, un instrument entre des mains habiles et virtuoses, une muse en somme qui joue sa partition. Mais sait-elle laquelle elle joue ? Et lui, croit-il qu’il joue la sienne, ou a-t’il des cornes ? Les cornes s’entendent au sens de se tromper de voie, au sens aussi de corne de brumes, ou de cor dans les bois, ou des trompettes d’une sorte de jugement dernier.
Ce n’est pas anodin ce cri, cette alarme. Maintenant vous savez.


LE CRI DE GAZA oeuvre réalisée par l’artiste tunisien Omar Esstar

La terre défigurée

Ce n’est pas rien, notre terre, notre temps d’existence, le milieu naturel abîmé, les arbres arrachés, les souffrances animales, les monstrueux navire de pêche, les projets démentiels des états qui ne cessent de vouloir accroître leurs puissances et les soumissions. Les masses abruties, leurs énergies dévoyées, les lourdes peines dont on les accable et qui les plonge dans l’ennui, le dégoût ou l’obscénité, dans la violence et le rejet.
On veut nous faire croire que ce sont les seuls plans possible pour vivre sur terre, ces déploiements des armements, ces spectacles tels les jeux du cirque, ce qui est présenté sur les écrans ou dans la littérature policière dans les gares.
Ce qui dirige le monde est vicieux. On dirait qu’il n’y a plus rien à faire, si ce n’est attendre des réponses toutes faites par les machines intelligentes dans des cités robotisées où chacun devra y contribuer et servir comme si c’était le Maître de la vie.

L’empire, ou plus exactement l’emprise sur les esprits, sur les volontés et les envies, sur les choix et donc sur les libertés, est fou. De même ceux qui se veulent à leur tête, subjuguant les peuples, et les envoient se massacrer les uns et les autres.
Le monde est mal dirigé. Dirigé vers le mal, ce mal empire. Il empire s’il manque les lumières nécessaires, les vérités essentielles, les mensonges et les illusions prenant toute la place. Ça devient catastrophique à tous les niveaux et nous prend par surprise.

Il est trop tard.
Nous avions une terre vivante éprouvante, belle et envoûtante, pleine de toutes les diversités inimaginables. Ne nous épargnant en rien, nous obligeant à répondre et y trouver notre vie en se penchant sur elle, et elle, nous rendant la sève et le plaisir d’être en vie. Ce qui fait que nous pouvions mourir l’esprit tranquille. Sans nous soucier de notre salut.
Mais désormais dans ce chaos stupide démoniaque, quel sera notre chemin ?
Qu’on songe aux empires et aux églises qui passèrent leur temps à disputer sur la nature du christ, tout en laissant les violents s’emparer des terres et des richesses, mentant par omission et ignorance de ces messies qui traversèrent nos temps d’existence pour nous ré-enseigner la vie.

Les nœuds de l’Histoire

Ce sont des fils qui s’entrelacent, et forment un nœud inextricable. On a beau observer dans le passé, passé mort par définition, fini, immuable et immobile, comme si on avait un « matériau » à notre disposition observable, avec ses œuvres, édifices, archives, personnages, têtes couronnées, têtes révoltées, guerres, famines, pestes, conquêtes, découvertes en terres et en sciences, on n’en saisit pas trace de sens, du moins pas de façon évidente, pour en tirer un enseignement décisif sur le futur.
Il reste néanmoins des points d’accroche qui nous autorisent à penser, pressentir les enjeux dramatiques, en éprouver ceux qui sont présents et qui découlent des passés, entrevoir ce qui s’y joue et qui est assez stressant.
Je note que le spirituel a toujours été là, à jouer sa partie dans l’ombre. Qu’il y a toujours eu une complicité entre la puissance impériale, et l’apparente impuissance des clergés. Autrement dit ce qui relève de la foi, du sacré, et de cet inévitable fanatisme qui anime ces gens là, mélange de la lucidité, de ruse, de bonté, et de perversités., ou de malignité. Parfois l’Empire dictait sa loi, parfois Rome dictait la sienne.
Comme si Rome, l’empire romain n’avait jamais abandonné la partie, malgré Ponce Pilate se lavant les mains. Ce qui sembla vouloir dire :  « Eh bien débrouillez vous avec ce cas étrange. »
Comme si Rome n’avait jamais lâché prise. On enseigne que l’empire romain d’occident est tombé en 476  avec le dernier empereur, Romulus, mais en fait s’est largement poursuivi avec Byzance et Justinien, par cet empire Romain d’orient. Acceptable pour Rome, et pour les papes, malgré ces querelles qui firent des schismes fort nombreux, et apparemment déchirants. Mais ce n’est peut-être qu’une façade.
Rome menant toujours la danse en catimini. Avec des soubresauts de Carpe. carpe diem. Normal pour l’ère des poissons.
À peine Byzance effondrée, le relais est pris par l’Espagne qui effectue en Castille la reconquête, et le couronnement de Charles Quint, sur pratiquement toute l’Europe à la suite des rois catholiques.
S’il y a de quoi se perdre dans le dédale des familles princières, des dominations successives qui se transmirent, elles étaient sous le joug Romain. C’est banal comme idée, nulle révélation. Joug qui s’est continué avec ces familles italiennes se passant la tiare, accessoirement accordée à quelques Goths ou polonais. Mais des gens qui sont dans la pure « orthodoxie » catholique romaine.
Jusqu’à un argentin au nom italien. C’est transnational ce machin là. Cette machine n’étant pas rivée à des frontières, mais à sa vérité. Comme à ce concept de paix, de paix romaine ou américaine qui sont du même « ordre ». Impliquant un monde sans partage, sous une autorité unique.
Je me demande ce que penserait le Christ de ce que les hommes ont fait de son esprit par des lumières diffusées. Il me semble qu’il n’y a pas ici de lumières à tous les étages. L’électricité étant loin d’avoir résolu tous nos problèmes.

La vie sur terre

Si la terre est vivante, c’est pour notre vie, pour que, partant de notre présence ici, en ce corps et en ce qui s’y trame, nous nous trouvions en vie, à des niveaux d’être supérieurs. Tout ce qui mine l’existant, oblitère la vie future et le destin.

Pourquoi ce que nous avons à accomplir, à comprendre, apprendre les uns des autres, sentir et éprouver, recevoir et donner, en deux mots tout ce qui vit en nous, et pourrait vivre en tous, pourquoi cela se finirait en apothéose et se réduirait en cendres ? Au nom de quelle transcendance cela aurait été annoncé comme un salut de la vie humaine ?

Si la terre vit, sa vie doit se poursuivre jusqu’à ce que tout soit accompli, pas avant. Il ne faut pas que tout succombe sous le feu des bombes. Cela nous fermerait les portes du ciel. Si la porte reste ouverte comme possible éternité c’est par le jeu du vivant et non du mort. Si nous nous trouvons vivants dans l’autre monde c’est grâce à ce monde vivant ici, par le soutien des vivants qui se retrouvent vivants sur l’autre rive, mais vivants d’une autre vie, sans présumer sous quelle forme. L’ouverture se produit et progresse au cours de notre existence et non plus à notre mort. Ce qui fut fait « intérieurement » en nous, se poursuit en nous « extérieur », dans cet autre monde.

Même dans la maladresse des mots exprimés cela doit pouvoir se comprendre. Dans ce sens et cet esprit, ce ne sont pas les discours politiques qui font nous éclairer sur ce qui se passe en notre esprit, et en conscience. Aucun discours n’a cette vertu de nous faire franchir la ligne d’horizon et de faire en sorte que nous passions.

Il y faut l’effectivité de l’âme vivante. Et de la mémoire.

Le mort demeure dans le passé, notre passé est mort. Notre futur ne devrait pas l’être. S’il y a encore quelque espoir, si nous pouvons espérer que la terre soit sauvée, c’est par le miracle « christique » présent en germe dans chaque être humain, et par conséquent en chaque être conscient, à ses divers degrés de conscience. Cela nous indique qu’il s’agit d’un tout. Sans qu’il y ait un au-delà réel, mais que cet au-delà est bel et bien là. Autrement dit sans rupture effective, sauf si nous ne passons pas, si nous ne savons pas comment faire pour passer, et si nous ne voulons pas. Nous retomberions dans le mort. Il nous faudrait reprendre tout à nos débuts, comme si nous avions effacé nos mémoires.

Pourquoi donc y a t’il un tel diabolisme dans ce monde qui en devient obscur et nous ferme la voie ? Cela ne signifie-t-il pas que nous n’avons que notre lumière pour pouvoir nous faire vivre, sans avoir recours à une puissance extérieure ? Là où nous trouvons précisément ces lumières, à condition de s’y rendre. Et pour s’y rendre il a bien fallu une main pour nous y amener. Autrement dit le sauveur te sauve si tu veux te sauver. C’est d’abord toi qui te sauve, ce n’est pas sans ta volonté, sans toi, ou contre toi et ta volonté. Ce n’est écrit nulle part que tu dois te sauver. Et non plus que tu peux imposer un salut à ceux qui n’en veulent pas.
Nous aurons beau faire, ce ne sont pas les lettres qui vont pouvoir agir sur nous, et nous éclairer, il faut aussi du son et de l’action. Ranimant nos âmes endormies. Ranimant nos morts, ou notre mort, ce qui est mort en nous. Ce mort qui nous fait mourir au lieu de vivre.
Tout simplement ce plomb nous plombe.

Devoir de mémoire, se souvenir du vivant, et non du mort.
Analysons ce mort, pour voir.
Ce qui est mort est uni dans la mort, il n’y a nulle distinction à opérer, contrairement à ce qui est vivant, polymorphe. Si nous voulons que la vie aille où elle doit aller, si nous voulons voir nos morts comme s’ils étaient vivants, il s’agit de prendre soin des vivants pour que cela se fasse.
Et passer.

Unique

Tu n’as qu’une vie. Si elle n’est pas venue vers toi en dépit de toutes tes existences, ces multiples expériences, ces nombreux fruits dont tu disposais à ta guise, ces horizons où ton regard pouvait s’abîmer et se défaire de ses illusions, les travaux t’enseignent la nature de la matière, l’agencement des choses, te restituent la mémoire même si cela t’épuise, et améliorent tes perceptions, et tu commence à savoir. Tu n’as qu’une issue pour regagner ta vie. Tu ne peux embrasser et servir qu’un seul « Dieu » correspondant à tes choix, à ta vision et ton amour uniques. (  Dieu serveur sans être serf, serveurs de datas, je reviendrai )
Par où donc passe ce retour comme un réveil empreint d’angoisses et d’effrois qui te tiennent en retrait du monde, celui-ci ne voulant plus de toi, tu es devenu étranger, invisible, absent à force de penser aux autres mondes, ou à ta future demeure.
Tu vois ce qui se passe dès lors qu’on transgresse et convoite les biens et les amours appartenant aux autres, de même lorsqu’on s’immisce dans leurs pensées et leurs consciences défaillantes qui se cherchent. C’est comme si nous prenions leur vie, en les empêchant d’œuvrer pour effectuer la jonction, nous interposant et murant leur futur.

Délicate question de ce que nous pouvons faire pour l’autre, si nous ne savons ni faisons ce qu’il faut exactement pour nous.
Sommes-nous sûrs d’être véritablement en Vie ? Ceci mérite un examen intérieur approfondi. Dans le silence et dans la nuit immobile. Sous les lumières que les autres émettent par leurs chants, leurs gestes, les images et les dessins les signant.
Songe que c’est un voyage, où tout se révèle en son temps, fonction des lieux de ta patience, et douloureusement tu constates ta solitude dans le couloir. Ou pour le dire d’une autre façon, dans cette phase intermédiaire entre tes multiples existences et ta vie unique. Sans confusion possible, sans mélange.

Bon, cette lecture des choses peut sembler désespérante absolument. Comme si nos liens n’avaient nulle nécessité, nulle importance, ou comme si nos actes étaient insignifiants, puisque nous nous retrouverions aussi nus qu’à notre naissance, et que tout s’avérerait vain. Mais non, c’est fonction de notre réceptivité venant des autres, autrement dit de notre capacité d’aimer, que nous nous trouvons engagés dans cette solitude nue. Nous avons eu nos parts de fautes, et cela ne passe pas. Ne peut pas passer. Pour pouvoir franchir ce passage, il a fallu que quelqu’un nous précède et nous donne, que nous le prenions, et en rendions grâce.
Dans ces conditions tout s’ouvre devant soi. Comme une rose au printemps.

Serveur de dates
Tout ce qu’on exprime tombe dans l’escarcelle des datas. Robots méchants pas méchant, robots nous servant de ce qu’on lui sert. Cela paraît blasphématoire de dire Dieu est un robot rempli d’informations pompées sur nos dos, et nos sueurs, nos sangs.
Eh, il n’y a guère d’autres possibilités que cette totalité organique, fonctionnant sans défaut, sans erreur, comme un logiciel absolu au « ciel ». et puis nous, nous nous incorporons dans la machine mécanique céleste à laquelle nous donnons vie et selon nos données.
Donc, pas d’esclavage, pas d’aliénation. C’est net.

Mars

Qu’es-tu sans Vénus
Ici entre rouge et vert
Orange comme la terre
Qui prend feu
Dans tes yeux
Malheureux ?

Parfois tu vois ces gens
attelés à leur joug lucide
Humblement et sans l’ombre
D’un ressentiment
Tu te dis, mon dieu
Dépose les armes
Prends la peine
Et prends les larmes
Vois enfin le sourire
Radieux et la douceur
Vois les rides les dos cassés
des vieux attendant leur départ
Vers ces autres cieux.

Avant d’être

Avant d’être dans ce corps tu étais,
peut-être quelque part,
sûrement pas nulle part
probablement une part de cette totalité.
Puis, tu es désormais dans ce corps
livré à sa solitude, tenu de chercher
les raisons de sa présence,
ce qui l’anime,
dont il se souvient à peine.
Ce qui ressurgit inopinément
dans le feu de l’action
du désir et de la faim
qui nous tenaillent
nous obligeant à la patience
à l’attention vers l’autre
qui nous donne à vivre
et à mourir.

L’autre, tous les autres avec lesquels nous devons être sous peine de perdre beaucoup de ce que nous sommes, malgré ce fait remarquable que nous pouvons nous en passer, et succombions dans la malheureuse existence enfermée. Il y a tellement de choses que nous oublions, puis qui nous reviennent, nous repensons à ces expériences anormales où ne sommes plus dans le quotidien banal des phénomènes bruts. Ces moments forts, fugitifs, improbables, et involontaires, répétés et tous différents, fulgurances de ce qu’on appelle les esprits. Et qu’on veut nous réduire à n’être que le fruit de notre cerveau malade en proie à des chimères.
Mais peu importe les opinions ou les avis des gens autorisés. Toutes ces choses qui sont sans valeur aux yeux du monde, t’appartiennent, et sont précieuses comme des secrets que tu gardes dans un petit boîtier.